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La Bande à Charlot - Partie 1


EXTRAITS RELEVES DANS LE LIVRE “DOSSIER B… COMME BARBOUZES”
de Patrice CHAIROFF – AM éditions.

les barbouzes ? Vous avez dit  barbouzes?

Avant, Pendant et Aprés...

FREY avec un grand “F” comme FOSSE SEPTIQUE.

Roger Frey, alors ministre de l'Intérieur. Déclaration devant
l'Assemblée nationale le 7 mai 1966.

"Qu'est-ce qu'une police parallèle ? Si l'on veut dire une
police non intégrée à la hiérarchie traditionnelle et réglementaire de l'Etat, qui tnstrumenterait illégalement et clandestinement, alors j'affirme solennellement une fois pour toutes - qu'il n'y a pas de police parallèle et qu'il faut que cessent ces calomnies odieuses, ces racontars déshonorants, ces histoires de barbouzes, qui, n'ont même plus le mérite d'être drôles.

Il faut que le pays sache qu'il n'y a en France que les forces régulières de la
Sûreté Nationale, de la Préfecture de Police et de la Gendarmerie Nationale

Durant les dix premières années de son existence, c’est-à-dire de 1958 à 1968, le Service d’Action Civique eut l’appui total de Roger FREY qui régnait sur la place Beauvau
…….

Sans équivoque, Roger Frey, cet "aventurier, qui aurait un excellent tailleur", dirigea la lutte entreprise contre I'O.A.S., tant en Algérie qu'en métropole, avant d'assurer, au lendemain de l'indépendance algérienne, la couverture du S.A.C. dans toutes ses activités para-légales, et à l'occasion franchement criminelles.

Les porteurs de la carte tricolore du Service d'Action Civique bénéficieront toujours de la mansuétude de la place Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur, dont Frey fut le titulaire du 7 mai 1961 au 6 avril 1967).

---==oOo==---

." Raymond Marcellin, alors ministre de l'Intérieur à R.T.L, le
7 juin 1969.

"Les barbouzes ? les polices paralleles ? C'est une légende
qui a la vie dure. Pour ma part, je n'en tolérerai aucune."

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Georges Pompidou réponse à une question écrite de André Davoust, député de la Mayenne.

“... Il convient de mettre un terme avec la plus grande netteté, aux insinuations scandaleuses selon lesquelles le Gouvernement entretiendrait et emploierait des polices parallèles....”

Ce qui permet à Alain Dugrand et Jean-paul Riton, les deux journalistes marseillais de Libération de conclure :

Par quel heureux hasard un groupe para-militaire de plusieurs dizaines de personnes a-t-il pu saccager les Locaux du journal Libération et déambuler en plein centre de Marseille pendant six heures sans que les forces de police ne les signalent ou ne les interceptent ?

"... Evidemment, c'est Pompidou qui a raison. Il n'y a pas de polices parallèles en France. Et il n'y a pas de collusion entre ces milices et les services officiels. Autrement dit Pompidou est un menteur ..." (Libération du 25 mars 1974).

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Dans les Bouches-du-Rhône, Charles Pasqua a préparé le 13 mai 1958 en groupant autour de lui une poignée d'hommes décidés. bien armés, anciens du R.P.F., gaullistes bâtis à chaux et à sable, qui passent dix jours dans les caves de la place Félix-Baret, à Marseille, dans l'attente du mot de code "Résurrection" qui leur donnerait le feu vert pour la prise d'assaut de la préfecture. La victoire assurée, Charles Pasqua amène au S.A.C. tous ces hommes dont il fait des chefs de groupe. Jean Lucchinacci, Gilbert Vaniers Ange-Félix Calzi, Max-Antoine Orsoni, Jean Pinelli constituent ainsi l'armature autour de laquelle se groupent bientôt des hommes aussi divers que Paul Gaillet, futur secrétaire fédéral de I'U.N.R., Gérard Kappé, Bernard Masiani, André Mouton et d'autres de moindre envergure

“En une heure, je peux mobiliser deux mille homes armés à Paris”, declarait Charles Pasqua (co-fondateur du SAC) au cours d’une réunion des chefs de groupe tenue à Paris en février 1970.

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VOUZS AVEZ DIT “TOUS DES RIPOUX” ? Mais non!! c’est pas possible…….

Avant de poursuivre plus loin nous voulons attirer l'attention des « béni-oui-oui » sur ce qui suit, et leur démontrer par A + B qu'ils portent une grande part de responsabilité, dans le génocide des Harkis et des Pied-noirs, en votant la braderie de l'Algérie Française dans les conditions voulues et imposées par leur « Zhéroique Libérateur » le fameux Général De Gaulle.

Cet homme est un “criminel de guerre avec un grand C. et un grand « L » comme Lâche pour avoir laissé volontairement assassiner des milliers d’innocents dans l’affaire de l’Algérie Française.

Il est le digne émule d’un “Al Capone” et autres “maffioso” de la pègre du 20ème siècle.
Sous prétexte de vouloir sauver la France, inspiré par la volonté inébranlable de figurer dans l’Histoire Mondiale au même titre qu’un Napoléon et autres illustres conquérants, il déserte pour se mettre à l’abri en Angleterre. Tout le monde connaît la suite.

Mais dites nous alors, qui étaient tous ces résistants non gaullistes qui se sont battus et morts pour que vive la France Libre?
S'il n'y avait pas eu De Gaulle vous croyez sincèrement que les Français seraient restés inactifs ? Bien au chaud chez eux ?
 

De Gaulle ? C'était celui qui criait derrière son micro « Les carottes sont cuites » à longueur de journée ? C'était celui, qui aidé par des "résistants planqués comme lui et qu'on n'a jamais vu sur des champs de batailles mais qui préparaient déjà leur "conquête" du pouvoir. Ces hommes là, ils ont été de toutes les infamies et entraînés à la trahison et aux basses besognes.


Alors lisez la suite et vous verrez qui était votre C.de Gaulle et comment naquirent LES BARBOUZES et comment ils continuent de faire la pluie et le beau temps en France, dans les départements et territoires d’Outre-Mer et dans les anciennes colonies françaises et ailleurs.

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Créé en 1947 par le Général De Gaulle, à l'aube de la guerre froide, le Rassemblement du Peuple Français, ou R.P.F., bénéficie immédiatement d'un recrutement très éclectique d'anciens et authentiques résistants fascinés par la personnalité de leur chef, démobilisés et déclassés, inaptes à toute réinsertion, purs aventuriers à l'affût de nouvelles possibilités.

Face à un prolétariat sorti épuisé de la Deuxième Guerre mondiale, mais organisé et demandant des comptes, ces petits groupes demeurent disponibles pour faire le coup de poing. voire le coup de feu, et jouer le rôle de bandes anticommunistes : "Une mythologie complaisante voudrait les faire passer pour des marginaux, des révoltés, des hors-la-loi ": il n'y a pas plus assimilés, plus fervents adeptes du système économique en vigueur, meilleurs défenseurs de l'ordre.
(3)  Alain Jaubert, . Dossier D... comme Drogue, Editions Alain Moreau, 1973.

Le R.P.F. organise, le 7 avril 1947. un grand meeting à Strasbourg au cours duquel De Gaulle déclare qu' "il est temps que s'organise le Rassemblement du Peuple Français qui, dans le cadre des lois, va promouvoir et faire triompher par-dessus les différences des opinions, le grand effort de salut commun et de réforme profonde de l'Etat". L'organisation du R.P.F. reflète ce souci de couvrir l'ensemble des domaines qui affectent la vie sociale, économique et politique.

En ce printemps 1947 où le tripartisme (groupant démocrates-chrétiens, socialistes et communistes) est vacillant, c'est cet " ordre" que recherchent les puissances occidentales.
Le R.P.F. ne sera pas un parti politique classique mais bien un rassemblement populaire qui va constituer pour toute une période le pôle quasi exclusif de l'opposition de droite, quelquefois d'extrême droite. Dès les débuts du mouvement, son chef, le Général de Gaulle, abat les cartes à Chambéry, le 19 septembre 1948:
"... Nous sommes en marche pour prendre la place de ceux qui nous gouvernent..."

Il s'agit fondamentalement pour De Gaulle de créer un groupe de pression à son service.
Pour assurer cette prise du pouvoir, il faudra mener une offensive sur trois fronts : l'action politique, domaine réservé du général, la constitution de groupes d'action largement subventionnés par les magnats de l'industrie, disposant d'armes et de moyens de transport pour leurs expéditions punitives, et le noyautage des services essentiels de l'Etat.

Le Général De Gaulle paiera de sa personne, s'employant à discréditer la IVème République afin de hâter l'heure de la relève. Pour les basses Oeuvres, il délèguera ses pouvoirs à une équipe d'hommes liges qui ne le quittera guère durant l'aventure du R.P.F., la "traversée du désert", la tragédie algérienne et les derniers soubresauts du règne et dont il finira par être le prisonnier en raison même des secrets partagés.

Il s'agit en fait de mettre au point un système qui double le pouvoir légal et soit toujours prêt â accéder à la direction des affaires.

Des rumeurs ont fait état, à l'époque, de la formation d'un "shadow cabinet", cabinet fantôme plusieurs fois remanié et prêt en permanence à "assurer la relève", principale préoccupation de De Gaulle et de ses amis politiques.

Le SO (Service d’Ordre) assure non seulement la police intérieure du mouvement gaulliste mais pratique également une politique de harcèlement des mouvements de gauche.
Les militants du Parti Communiste, qui vendent à la criée l’Humanité Dimanche, sont traqués et rossés par des commandos qui n’hésitent guère à faire usage de leurs armes.

Quant à Dominique Ponchardier, le responsable du Service d'ordre du R.P.F., il est le frère de l'amiral Ponchardier qui se rendit célèbre durant la guerre d'Indochine par les méthodes inhabituelles et "musclées" de ses commandos. Sous le pseudonyme d'Antoine Dominique, et dans la série des "Gorilles", parue chez Plon, Dominique Ponchardier a romancé certaines des aventures du S.O, du R.P.F. Romancé et moralisé, bien sûr !

C'est à cette époque. au printemps 1947, qu'apparaissent les premiers adjoints de Dominique Ponchardier, en particulier Roger Frey (alors adjoint au responsable national du Service d'Ordre du R.P.F.), Paul Comiti qui devint le garde du corps du Général de Gaulle, Mathieu Mattei, cousin d'Alexandre Sanguinetti, Roger Barberot, Philippe Berrier, Paul Chassin et Jean Bernasconi, futur député U.D.R. La même année, Marcel Francisci apporte le concours actif de ses nombreux amis corses qui trouvent dans les activités musclées du R.P.F. un exutoire à leur dynamisme.

Toujours en 1947, Jacques Foccart devient le responsable du R.P.F. pour neuf départements de l'Ouest, un département du Nord et les Antilles.

Le S.O. du R.P.F. dispose très tôt d'une "Ecole de Formation des Cadres", installée à Saint-germain-en- Laye et placée sous la direction du colonel de Rancourt, assisté du capitaine Sambo. Un foudre de guerre, ce capitaine Sambo, et qui ne mâche guère ses mots
" ... J'exige des membres du Service d'Ordre du R.P.F. une obéissance aveugle et une abnégation totale. Je souhaite que l'on ait besoin de nous très bientôt, car pour moi, j'appelle de tous mes vœux la bagarre, seul moyen efficace pour clarifier la situation".

Certes, les cadres du mouvement gaulliste exigent beaucoup de leurs hommes maintenus en permanence sous pression - souvent sans raison précise - mais le
trésorier n'est pas ladre et a l'escarcelle bien remplie.

Jean-claude Maudon, responsable du secteur du S.O. du R.P.F. de 1947 à 1949, raconte Témoignage recueilli le 4 fevrier 1974:

"... Ancien officier de Rhin et Danube, j'avais été démobilisé en 1946 et j'ai rejoint quelques mois plus tard Ie R.P.F. où un ami m'a fait affecter au Service d'Ordre. En quelques mois, j'étais devenu responsable de secteur. Je recevais chaque mois l'argent nécessaire a la paie de mes hommes directement de mon responsable départemental. ,à cette époque, chaque homme du S.O. percevait 12 000 francs par mois, plus une prime do 3000 francs lorsque le mois avait été "chaud".
Quinze mille francs de l'époque, cela représente entre 2 500 et 3000 francs 1974, mais, malgré cela, je n'ai cessé d'avoir des ennuis avec mes hommes car ils étaient sans cesse à l'affût de petits profits et n'hésitaient pas à tomber dans l'illégalité... "

L'exemple, il est vrai, vient de haut puisque le colonel de Rancourt est contraint de démissionner du R.P.F. en décembre 1948 pour détournement de fonds. Il sera remplacé par Gilbert Renault, plus connu sous le nom de " colonel Rémy ", l'ancien chef du réseau Confrérie Notre-Dame.

Mais l'argent n'est pas et ne sera jamais - un problème pour le S.O. du R.P.F.
Le financement est étroitement contrôlé par André Rives, dit Rives-Henrys, puis comte Rives-Henry: de Lavaysse, futur député U.D,R., condamné en 1974 dans l'affaire de la "Garantie Foncière". Le principal collaborateur de Rives-Henrys au sein du comité financier du R.P.F. est le futur ministre Jacques Baumel, qui, après avoir été Secrétaire général de I'U.N.R.-U.D.T. (1961-1963), deviendra " l'oreille du gouvernement".

Baumes feront la preuve de leur efficacité en effectuant la liaison avec les grandes entreprises françaises et internationales qui voient dans le R.P.F. une solution de rechange et la possibilité d'orienter vers la droite la politique française.

Dès février 1947, des contacts sont noués avec des personnalités aussi diverses que Noël, Administrateur de Rhône-Poulenc, de la compagnie Foncière de France et d'Esso-standard, Diethelm, Président-Directeur général de l'Urbaine, Pierre Boisai, Président du Bon Marche, Paul-Bernard Lebon, Secrétaire général de l'Union des Banques, Henri Jonas, Président du Crédit Lyonnais. Pigozzi, Directeur de Simca ou encore Marcel Dassault. dont le nom se trouve depuis cette date intimement lié au financement des réseaux gaullistes. Rives-Henrys et Jacques Baumel collaborent en permanence avec Richemond, alias Bozel. fils du Vice- Président du Conseil National du Patronat Français (C.N.P.F.), qui assure la liaison avec les organisations bancaires Internationales comme la " Morgan Guaranty Trust ", la "Banque Lazard Frères" la "Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie" . (B.N.C.I.) ou la " British and French Bank for Commerce and Industry ..".

Retrouvé en novembre 1973, un employé de la "Morgan Guaranty Trust ", qui travaillait à Londres en 1948/ 1949, devenu aujourd'hui l'un des responsables d'une banque américaine de la place de Paris, évoque son activité de l'époque :

" ... Un pactole de trois millions de dollars (près d'un milliard et demi d'anciens francs) avait été amassé à Londres par le B.C.R.A.(Bureau central de renseignements gaulliste) en dehors de toute comptabilité officielle et réparti dans différentes banques britanniques, en particulier la " Morgan" et la "Barclays Bank" ,.

Mon travail officiel à la . « Morgan Guaranty Trust » consistait en la visite de nos succursales " d'Europe continentale". A l'occasion de ces visites, je rapatriais en France et en Suisse des devises fortes que je remettais à des personnes de confiance du Service d'Ordre du R.P.F.
La sortie d'Angleterre - malgré un régime sévère - ne posait aucun problème car nous étions couverts par l'Intelligence Service.

Les amitiés nouées au combat clandestin durant la guerre étaient encore vivaces...
En ce qui me concerne, plus de 600,000 dollars (près de trois cents millions d'anciens francs) ont transité par mes soins...".

Cette masse financière permit au S.O. du R.P.F. de s'équiper de belle façon.
Selon Claude Angeli et Paul Gillet ("La Police dans la Politique" Grasset Paris) il..." comprenait 16.000 hommes, plus un certain nombre difficilement appréciable de nervis recrutés dans le Midi et des effectifs relativement importants dépendant du ministère de la Défense Nationale ".

Ma propre enquête, effectuée directement auprès des intéressés, donne des résultats à peu près identiques mais permet de cerner avec plus de précision le nombre des marginaux récupérés et la répartition très inégale de ces forces par régions. C'est ainsi que l'Est et le Midi de la France constituent de véritables pépinières pour le S.0. du R.P.F. dont les actions se situent, dans le meilleur des cas, à la limite extrême de la légalité.

A Marseille, par exemple, les hommes d'action de Simon Sabiani, chef local du " Parti Populaire Français " de Jacques Doriot, rescapés de l'épuration ou reconvertis à l'aide de faux certificats de Résistance, sont récupérés. Au " Bar des Amis", boulevard de Paris, l'officine de recrutement de I'A.O.P. fonctionne à plein. Claude-Laurent Massiani, Gilbert Faucheron et Jean-Marcel Laurent sélectionnent les candidats, et assurent les premiers frais, Claude-Laurent Massiani, qui exploite un restaurant réputé à Thionville. raconte :

" ... Je vous parle d'autant plus librement de cette période que j'ai totalement rompu avec mes anciens amis et que les faits sont amnistiés depuis longtemps! Vous savez, nous avions besoin d'hommes sûrs, décidés ayant fait leurs preuves, alors on ne pouvait pas se permettre d’être trop regardants.

Si le gars était qualifié, pas de problèmes. S'il était vraiment trop marqué dans la région, et c'était souvent le cas pour les mecs de Sabiani, on lui établissait un certificat de Résistance sur un réseau bidon, ou dont les archives étaient incontrôlables, et on l'expédiait dans une autre ville. Pour ce que nous coûtaient les certificats de Résistance . ! Ils étaient imprimés en Belgique et on les recevait par rames entières... Certes, on a eu quelques pépins, notamment avec quelques gars qui ont fini avec Loutrel (Pierrot le Fou), mais d'une façon générale les bavures ont été limitées. Nos meilleurs résultats, on les a obtenus avec les types du port. les dockers, les manœuvres. Des types durs, du solide. Chers, mais du solide et on s'en foutait car les caisses étaient pleines !..."

C'est avec ces hommes de main que le S.O. du R.P.F. se lance à Marseille, en octobre 1947, dans la bataille pour les élections municipales. Et celle-ci est chaude ! Michel Carlin'i, avocat, est le candidat du R.P.F. contre Jean Cristofol, communiste et Gaston Defferre, socialiste.
La campagne électorale est d'une brutalité rare, reléguant loin derrière la sauvagerie légendaire des réunions publiques du doriotiste Simon Sabiani.

L'avocat Carlini n'est guère difficile sur le choix des moyens, il ne l'est pas non plus sur celui des hommes.
A Marseille, on retrouvera les cadres du SO du RPF dans toutes ces activités illégales, mais également dans la Police Judiciaire, les Renseignements généraux, la D.S.T., le S.D.E.C.E. ou les réseaux Foccart.

En 1947, apparaissent les premières escarmouches de la " guerre froide ", qui va marquer tous les rapports internationaux au moins Jusqu'en 1954, année des accords de Genève. En France, le tripartisme regroupant socialistes, communistes et démocrates-chrétiens du M.R.P., éclate. Le Parti Communiste est exclu du Gouvernement ; la S.F.I.O. développe son anticommunisme, et c'est la scission syndicale de Force Ouvrière, favorisée par les les influences américaines.
A Marseille, éclate une grève insurrectionnelle brisée par le ministre socialiste de l'Intérieur, Jules Moch. C'est dans cette ambiance que les élections vont se dérouler.

Les élections municipales marseillaises d'octobre 1947 devaient être gagnées par les gaullistes. A tout prix, comme Jules Orsini le confirme :

"...Les consignes de Paris étaient formelles : il fallait gagner, et nous étions directement intéressés à la réussite. Alors, on a réuni les amis, les amis des amis et on leur a annoncé la couleur : les réunions, vous les virez à la matraque, si la matraque ne suffit pas, vous sortez les Sten (pistolet mitrailleur anglais).

Si on est élu, on se charge de la couverture et de votre avenir. Si on est battu, on vous évacue...
Il y a eu de la casse. mais on a été élu..."


A l'automne 1948, après une série d'attentats, d'échanges de coups de feu qui firent trois morts et plusieurs dizaines de blessés, le S.O. du R.P.F. n'hésite pas à déclarer dans un communiqué daté du 1er octobre :

" ... On est déjà sorti de la légitimité ; si les communistes revenaient au gouvernement, on achèverait de sortir de la légalité ... "

Entre deux menaces, le S.O.. du R.P.F. poursuit le noyautage de l'appareil d'Etat. Trois objectifs prioritaires : la police, l'administration et l'armée.

L'artisan du noyautage de la police est le commissaire Jean Dides, que ses hommes appellent affectueusement " le grand Dides ". Entré dans la police comme agent en uniforme en 1936, Jean Dides devient inspecteur des Renseignements généraux en 1938.

Dides devient le théoricien de la lutte anticommuniste menée par le S.O. du R.P.F., car le mot d'ordre essentiel reste : casser les rouges.

Les textes de formation des militants sont pour le moins élémentaires ; "Nous voulons considérer que le Parti Communiste, danger national, doit être détruit. Nous voulons l'éclatement de son appareil, de ses moyens et, le cas échéant, de ses chefs de plan national ...

La France aurait dû : ou détruire le communisme, ou construire une contrepartie, c'est-à-dire un appareil adverse capable de contenir, et même de vaincre son appareil ...
On parle souvent, en temps de légalité, de l'appareil clandestin du Parti.

Il faudrait s'entendre sur ces mots : l'action communiste est toujours illégale, puisqu'elle tend au renversement du régime ... en tant que telle, elle est subversive et elle ne doit de pouvoir s'installer et travailler "en
paix" qu'à la faiblesse ou à l'incompréhension de ce régime ...

Le R.P.F. est le principal obstacle à tout mouvement insurrectionnel révolutionnaire émanant des staliniens ...

Le Service d'Ordre du R.P.F. est le meilleur bastion contre toute tentative de force de l'extrême gauche ..."

Quant au contre-espionnage, la Direction de la Surveillance du Territoire ou D.S.T. est dirigée par Warin, dit Roger Wybot, qui place aux postes clés les hommes des réseaux gaullistes. Jacques Foccart, alias Binot, immatriculé dès 1942 comme "agent action" du B.C.R.A., est promu "chef de mission de première classe" en 1944 dans la même organisation, assimilé au grade de lieutenant-colonel. Le rôle de Jacques Foccart, qui à l'époque porte toujours son patronyme originel de Koch, dans le noyautage et l'infiltration de l'appareil d'Etat, s'avère déterminant.
Parallèlement son influence grandit au sein du S.O. du R.P.F., puis du R.P.F. tout court. Il devient successivement Président de la Commission des Territoires d'outre-mer du R.P.F. en 1948, puis délégué national du R.P.F. pour les territoires et départements d'outre-mer en 1949, et finalement Secrétaire général adjoint du R.P.F. en 1952.

Sous l'influence combinée de Jean Dides et de Jacques Foccart, le S.O. du R.P.F. va mettre en place une structure départementale extrêmement élaborée. Aimé Pieri, qui procéda à l'installation du S.O. du R.P.F. dans le département des Bouches-du-Rhône, témoigne:

"...Nous avons mis en oeuvre des moyens très importants car, suivant les instructions de Paris, il s'agissait de mettre au point une véritable organisation parallèle susceptible en cas de troubles de pallier à (sic) l'arrêt des services publics.
Nous avons donc installé un réseau complet de transmissions à l'échelon départemental à l'aide de matériel américain ; chaque groupe d'action disposait d'émetteurs-récepteurs SCR 300, les groupes étant reliés entre leurs divers éléments avec des SCR 536- 511. En outre, à la fédération départementale, nous disposions d'un émetteur qui permettait des liaisons grandes distances. Sur le plan armement, nous n'avions aucun problème car la Libération était toute proche. L'essentiel du matériel était constitué par des mitraillettes Sten, Thompson et Schmeisser, des pistolets Colt 45, P-38 et Luger, des fusils mitrailleurs Bren, B.A.R. et M.G. 42 et des grenades à profusion.
Les transports revêtaient pour nous une grande importance et chaque groupe disposait d'un dépôt de carburant très important ...

Pour nous, pas de problèmes, l'argent coulait à flots et nous étions prêts à sortir de la légalité pour descendre dans la rue ...

Le recrutement n'était pas gênant car nos hommes étaient bien payés et nous disposions d'assez d'idéalistes pour encadrer ces mercenaires, car il faut employer le mot, il ne s'agissait que de mercenaires ...

Souvent, nous avons regretté de n'être pas descendus dans la rue à la fin des années quarante, on aurait réglé le problème communiste et on aurait évité pas mal de casse, notamment l'Algérie et 1968 ...

Oui, je vous assure que si j'ai des regrets pour l'action passée, je n'en ai qu'un et c'est bien que le patron, le général de Gaulle. ne nous ait pas donné le feu vert ».


Un autre responsable du S.O. du R.P.F. de Nice décrit ainsi l'organisation mise au point dans sa ville par Philippe Alfonsi, le chef local des groupes "action" :

. ... « Et je vous dirai que ce travail, qui est somme toute fastidieux, nous a été extrêmement utile dans les années qui ont suivi le retour au pouvoir du Général de Gaulle ...''

Dans ce fichage systématique on retrouve une constante des réseaux gaullistes animés par Jacques Foccart, qui en outre fera dresser un fichier complet de toutes les personnalités influentes. Ces fiches contiendront les seuls renseignements qui comptent.
.......
Pour financer l'activité de ces réseaux du S.O. du R.P.F, l'argent versé par les trusts ne suffit pas et on met au point une politique d'autofinancement par l'intermédiaire de sociétés d'import-export du type S.A.F.I.E.X., B.L.E.M. ou CO.RE.CO.
............
Cent bons du Trésor, vierges, sont dérobés, puis d'autres quelques mois plus tard.
Arrêté, jeté en prison, Jo Renucci se contente de déclarer :

"... J'ai rencontré Dordain, mais c'était pour recevoir des fonds pour alimenter la caisse d'une organisation politique..." ;

Et il sera remis en liberté provisoire.

Une procédure, une façon d'agir, elle aussi caractéristique des réseaux Foccart.

L'activité du mouvement gaulliste, et celle de son Service d'ordre, décline régulièrement jusqu'en 1953.
En mars de cette année-là, le Général de Gaulle reconnaît lors du Congrès national du R.P.F. que :
" le régime a été plus fort que nous mais que le mouvement gaulliste existe pour être le recours du pays dans le danger ..."

Quelques mois plus tard, il donne sa fameuse " conférence de presse de novembre " au cours de laquelle il annonce la mise en veilleuse du R.P.F. avec une de ces formules ambiguës dont il a le secret :
"...J'ai décidé d'arracher le Rassemblement à l'activité du régime ..."

C'est le début de la "traversée du désert" pour l'ermite de Colombey, mais le travail ne cesse pas pour les activistes du S.O. du R.P.F.

Plus d'opérations coups de poings spectaculaires, mais l'intensification de l'infiltration, du noyautage de l'appareil d'Etat à tous les niveaux afin de préparer la venue de jours meilleurs.

Sur les bancs du Parlement, dans les couloirs des différents ministères, par la courroie de transmission du "Centre National des Républicains sociaux
( Nom sous lequel se regroupent les fidèles de De Gaulle à partir de janvier 1954. Parmi les membres de sa direction, on peut citer Frey, Debré, Chaban-Delmas (ministre des Travaux publics des Transports et du Tourisme de Mendès France en 1954-1955 ; puis ministre d'Etat de Guy Mollet en 1956-1957 et enfin de la Défense nationale de Félix Gaillard en 1957-1959), Christian Fouchet (ministre des Affaires marocaines et tinisiennes de Mendès France en 1954-1955) et Raymond Triboulet (ministre des Anciens Combattants et Victimes de la guerre d'Edgar Faure en 1955)
grâce aux hommes du R.P.F. devenus ministres ou secrétaires d'Etat, un lent travail de sape se développe pendant quatre années, parallèlement à la préparation du coup d'Etat militaire à Alger.

Roger Wybot est toujours directeur de la D.S.T., Chaban-Delmas est ministre de la Défense nationale et Léon Delbecque son "chargé de mission", Olivier Guichard est chef des services de presse du C.E.A. (Commissariat à l'Energie Atomique), Jacques Soustelle a été parachuté en janvier 1955 gouverneur général en Algérie.
Pour tous les barons du gaullisme le but est précis : saper le régime et permettre le retour de De Gaulle à la direction des affaires.

Pendant ce temps, la IVème République se discrédite un peu plus tous les jours (Gaullistes et communistes unirent très souvent lors forces,).
Le Général de Gaulle déclare en 1953 :

" ... Il n'y a aucun doute que la stagnation et l'immobilisme actuel n'ont aucun avenir. Nous existons pour être le recours du pays dans le danger ..."

Une fois de plus le S.O. du R.P.F. marche à la pointe du combat.
Dans un ouvrage romancé (Antoine Dominique, "Le Gorille en révolution"., Plon, Paris, 1960.), un des chefs des barbouzes gauchistes, Dominique Ponchardier, a conté les péripéties et la préparation en métropole du retour au pouvoir de de Gaulle. Les pseudonymes utilisés sont transparents.

En métropole et en Algérie, Léon Delbecque, infatigable, anime une équipe d'agitateurs gaullistes comme Lucien Neuwirth, le colonel Thomazo dit: "Nez de Cuir ", L'Hostis, Henri Ribeaud ou Vinciguerra, qui préparent avec succès le coup d'Etat du 13 mai 1958.

Léon Delbecque, l’œil des gauchistes en Algérie, effectue en cinq mois 27 fois le voyage d'Alger, ce qui lui permet d'affirmer dès juillet 1958 :

"... Il est exact que j'ai été l'organisateur du mouvement du 13 mai. Aux fonctions que j'occupais, je me suis arrangé pour être au bon endroit, au bon moment, pour détourner vers le Général de Gaulle ce soulèvement qui devait se produire".

L'activité de Léon Delbecque lui vaut d'être surnommé "le Naujocks français" par Christian Fouchet que de Gaulle venait de nommer ambassadeur au Danemark.

Avec le retour du Général de Gaulle au pouvoir, ses hommes parvenus au leviers de commande vont pouvoir donner une apparence légale aux troupes qui les ont déjà si bien servis.

1958 voit la naissance officielle et la déclaration à la Préfecture de Police d'une association sans but lucratif. régie par la loi du 1er juillet 1901, le " Service d'Action Civique", association portée sur les fonts baptismaux par l inévitable Jacques Foccart Roger Frey, Jean Bozzi, Dominique Ponchardier, Paul Comiti, Alexandre Sanguinetti et Charles Pasqua

( Jacques Foccart, secrétaire général du R.P.F. en 1954 était conseiller de l'Union Française depuis le 10 juillet 1952.
Il devint président de la Commission de Politique Générale en 1954.
Roger Frey, secrétaire général des Républicains Sociaux depuis
1955, siégeait également à l'Assemblée de l'Union Française
depuis 1952. Jean Bozzi se trouvait dans l'administration préfectorale, Ponchardler était responsable du S.O. du R.P.F. Sanguinetti
dans les affaires (voir " Dossier S... comme Sanguinetti ", de
Jean Montaldo, paru dans la même collection en 1973)
Quant à Charles Pasqua, Il était représentant de commerce de la société
Ricard.).

La première tâche des fondateurs du S.A.C. est de reprendre en main les sections locales du S.O. du R.P.F. galvanisées par la réussite du 13 mai, et de ranimer certains groupes demeurés apathiques dans quelques départements.

En Corse, Jean Bozzi fait merveille assisté de François d'Anfriani, de Pascal Lucchini, d'Ange Simonpieri, de Jérôme Lucchinacci et de Pierre Mariani. Ces six hommes se partagent le département et en font un des points forts de la jeune organisation.

Dans les Bouches-du-Rhône, Charles Pasqua a préparé le 13 mai en groupant autour de lui une poignée d'hommes décidés. bien armés, anciens du R.P.F., gaullistes bâtis à chaux et à sable, qui passent dix jours dans les caves de la place Félix-Baret, à Marseille, dans l'attente du mot de code "Résurrection" qui leur donnerait le feu vert pour la prise d'assaut de la préfecture. La victoire assurée, Charles Pasqua amène au S.A.C. tous ces hommes dont il fait des chefs de groupe. Jean Lucchinacci, Gilbert Vaniers Ange-Félix Calzi, Max-Antoine Orsoni, Jean Pinelli constituent ainsi l'armature autour de laquelle se groupent bientôt des hommes aussi divers que Paul Gaillet, futur secrétaire fédéral de I'U.N.R., Gérard Kappé, Bernard Masiani, André
Mouton et d'autres de moindre envergure.

Officiellement, le rôle du S.A.C. consiste a protéger les personnalités gaullistes lors des voyages officiels des réunions publiques, etc. En pratique, il en va tout autrement. Dès sa création, il devient évident qu'il s'agit de constituer dans la coulisse "en réserve de la République" quelques troupes de choc susceptibles d'être utilisées en cas de nécessité.


ET VOILA COMMENT LES BARBOUZES A DE GAULLE ONT SURVECUS

Dès 1958, Roger Frey, Alexandre Sanguinetti, ''Dominique Ponchardier et Charles Pasqua décident de lancer le S.A.C. dans la lutte contre le F.L.N. algérien dont la willaya métropolitaine accumulait les actes de terrorisme. Dans l'esprit de ses artisans, la lutte contre le F.L.N. devait s'engager sur deux plans : infiltration et répression. Pour cette tâche, les gaullistes "purs et durs" sont à peine suffisants pour assurer l'encadrement des réseaux. Il faut donc faire appel à une "main-d'œuvre extérieure", c'est-à-dire recruter dans ce qu'il est convenu d'appeler le "milieu" par l'intermédiaire de truands partageant les mêmes amitiés politiques ou les mêmes intérêts. L'appât est toujours le même, celui utilisé par les services spéciaux du monde entier : aux petites escarpes, aux jeunes truands aux dents longues, sont proposés un casier judiciaire vierge et des rentrées de fonds maximums dans un minimum de temps. En contrepartie, on exige seulement d'avoir la gâchette ou la matraque facile, de ne point être trop torturé par sa conscience et d'obéir sans discuter aux ordres reçus. Le contrat est jugé intéressant par certains, à tel point même qu'ils deviennent eux-mêmes des agents recruteurs acharnés, n'hésitant pas à contacter en prison certains "clients" potentiels et à les en extraire si l'agrément est obtenu, comme l'illustre le témoignage de Jean-Baptiste C... (Témoignage recueilli le 6 décembre 19732) :

"... Durant l'été 1958, je purgeais une peine de prison à la Maison d'arrêt des Baumettes, à Marseille. J'avais "pris" cinq ans et j'avais une instruction en cours pour une seconde affaire d'attaque à main armée. J'ai été contacté par un avocat marseillais qui m'a demandé si, en échange de ma libération, j'acceptais de m'enrôler dans un mouvement clandestin de lutte contre le F.L.N. ... Ma foi, cette proposition avait tout pour plaire, en tout cas pour me plaire : d'abord je me tirais d'une situation difficile et puis les arabes j'ai jamais aimé alors c'était tout bénéfice !... J'ai dit O.K. On m'a d'abord transféré à Aix- en Provence, et puis à la Santé, à Paris. Là un avocat parisien est venu me voir et m'a mis le marché en main .
Je rejoignais un mouvement clandestin, d'accord, mais qui en fait était une sorte de police parallèle.
Notre travail devait être double : tout d'abord infiltrer les réseaux F.L.N. en métropole en nous faisant passer pour des sympathisants d'extrême gauche, et ensuite effectuer toutes les tâches dont la police officielle ne pouvait se charger, en particulier la liquidation physique de certains éléments.
En échange, on m'offrait la liberté immédiate, un salaire élevé plus des primes et, à la fin de la mission, un casier Judiciaire vierge et l'extinction des poursuites en cours.
Quarante-huit heures plus tard. j'étais libre. Deux personnes m'attendaient au bar "A la bonne santé", situé rue de la Santé à Paris, juste en face de la prison. je n'eus que la rue à traverser. En fait le travail commençait immédiatement. On m'a muni d'un faux passeport et d'un faux permis de conduire, d'une carte de police périmée depuis six mois, d'un permis de port d'arme en bonne et due forme valable pour un Walther P-38, du P-38 en question avec des munitions en quantité et de deux numéros de téléphone à Paris, l'un valable pour la journée, l'autre pour la nuit. Je faisais équipe avec quatre autres personnes, dont une était un inspecteur principal des Renseignements généraux placé pour la circonstance en congé de maladie.
Notre travail n'avait rien à faire avec l'infiltration dont d'autres groupes se chargeaient.
Pour nous. iI s'agissait de créer de toutes pièces des vendettas, des règlements de comptes interminables entre F.L.N. et M.N.A. et de procéder à des exécutions sommaires. En ce qui concerne la rivalité F.L.N./M.NA, rien n'était plus facile : on arrivait le soir avec une ou deux voitures dans le quartier arabe de la Porte d'Aix. à Marseille, ou à la Goutte d'Or ou à Barbès, a Paris, on s'arrêtait devant un café maure repéré à l'avance et on lâchait une ou deux grenades accompagnées de quelques rafales de mitraillette. Ca suffisait et le lendemain les représailles commençaient d'elles-mêmes ... Y a eu également du boulot moins sympathique.
Mais nos employeurs étaient coulants et chaque fois qu'on mettait la main sur un collecteur de fonds, on fadait (partager) à cinq, car même le flic ne faisait pas la fine gueule ! Et les embrouilles étaient vite réglées dans l'ensemble. Bref, d'une façon générale, nos patrons du S.A.C. ont été corrects à part le lait qu'on n'a jamais vu les casiers judiciaires vierges .!
En septembre 1960, on nous a dit que le boulot était terminé et on nous a remis une forte somme en liquide, on nous a retiré les ports d'armes et les cartes de flic périmées et on nous a laissé le flingue comme souvenir avec en prime notre jeu de faux papiers et une carte du S.A.C. tricolore ... Il était temps car on commençait a en avoir marre de ce boulot..."

L'activité anti-F.L.N. du Service d'Action Civique ne dure guère en effet qu'une vingtaine de mois, à la suite desquels, la politique du pouvoir ayant changé, il faut lever de nouvelles troupes pour lutter contre une nouvelle subversion, en majorité européenne celle-là : I'O.A.S. Les mêmes hommes, recrutés dans les mêmes bas-fonds, sont réutilisés et les fonds secrets permettent de vaincre bien des réticences.

C'est dans ce combat de l'ombre que s'illustrent le ministre de l'Intérieur de l'époque, Roger Frey et ses collaborateurs officiels, comme Alexandre Sanguinetti, ou parallèles, mais tout aussi efficaces, comme Lucien Bitterlin (Animateur de l'Association France-pays Arabes et auteur de l'Histoire des Barbouzes, 1972) Dominique Ponchardier ou Paul Comiti.

Sans équivoque, Roger Frey, cet "aventurier, qui aurait un excellent tailleur", dirigea la lutte entreprise contre I'O.A.S., tant en Algérie qu'en métropole, avant d'assurer, au lendemain de l'indépendance algérienne, la couverture du S.A.C. dans toutes ses activités para-légales, et à l'occasion franchement criminelles.

Les porteurs de la carte tricolore du Service d'Action Civique bénéficieront toujours de la mansuétude de la place Beauvau (siège du ministère de l'Intérieur, dont Frey fut le titulaire du 7 mai 1961 au 6 avril 1967).
Il est vrai que les truands, bien encadrés par des militants gaullistes dévoués, forment une police parallèle bien plus souple et bien plus efficace que la police officielle.

Le S.A.C. participe notamment en 1963 à l'enlèvement du colonel Argoud, à l'hôtel Eden-Wolf de Munich, à l'alaire Ben Barka et finalement au scandale Markovitch.
En pratique, c'est l'affaire Ben Barka qui va marquer un tournant décisif dans les activités du Service d'Action Civique.

L'enlèvement de Mehdi Ben Barka (octobre 1965) en plein Paris, et le roman-feuilleton qui s'ensuivit, provoquèrent la mise à l'écart de toute une série de responsables des services parallèles et la perte totale de crédibilité de la part de nombre d'autres à tous les échelons.
Insensiblement, les chefs barbouzes du 5 de la rue de Solferino voient leurs possibilités de pression se restreindre. les moyens mis à leur disposition s'amenuiser.
Leurs protecteurs et leurs commanditaires commencent à se demander s'il est vraiment nécessaire de continuer à garder le contact avec des hommes de main non seulement peu efficaces, mais de plus en plus gênants.

Le tournant se précise dès les premiers mois de 1966, lorsqu'en février, Christian David, dit "le beau Serge", abat, au bar Saint-clair, rue d'Armaille, à Paris 17e, le commissaire Galibert, et blesse grièvement deux de ses adjoints, Gouzier et
Gibeaux.

Malgré la mauvaise volonté officielle, caractérisée par des pressions, des ralentissements de l'enquête, des dissimulations de dossiers, des noms qui apparaissent ( Les pressions du Parquet et de la Chancellerie durant l'instruction de l'affaire Ben Barka (1965) ont été rendues publiques en décembre 1974 par le Syndicat de la Magistrature) puis disparaissent, certains policiers honnêtes vont utiliser cette "bavure" pour mener une offensive contre ces truands qui bénéficient d'une quasi-impunité du fait de leurs activités au sein des réseaux parallèles.

En 1966 et 1967, les activités du S.A.C. sont de routine : cambriolages, enlèvements, menaces de mort, tentatives de meurtre, escroqueries, bref, rien de très nouveau.

En mai 1968, le pouvoir affolé se tourne une nouvelle fois vers ceux que l'on désire oublier dès qu'on les a utilisés, ceux qui savent si bien se rendre indispensables pour animer les réseaux mis en place : Michel Debré,
André Fanton, Jacques Foccart, Dominique Ponchardier. Me Pierre Lemarchand et consorts.

C'est avec ces hommes et leurs séides que la France prépare ses stades cinq ans avant le Chili du général Pinochet !

Le 13 mai 1968, une réunion extrêmement importante se tient dans un appartement du boulevard de Magenta, à Paris, devenu depuis une des centrales des réseaux Foccart.
Y participent Jacques Foccart, le capitaine Guillebert du S.D.E.C.E., le commissaire divisionnaire Andérani de la D.S.T., Jean-charles Larriaga, chargé de mission du S.A.C., et Paul Renouvin, représentant Christian Fouchet, alors ministre de l'Intérieur. C'est au cours de cette réunion qu'est accepté le ralliement à la cause gaulliste de divers groupes d'extrême droite et de certains de leurs animateurs.

Des l'explosion de mai 1968, les hommes du S.A.C. jouent à fond leur carte. A dire vrai, ils sont les seuls à demeurer disponibles, quand les rats quittent le navire.
...
Le Service d'Action Civique se voit concurrencer sur sa droite par les "Comités de défenses de la République". Devant cette menace, les éléments durs du
S.A.C. se font les avocats de mesures extrêmes, y compris la transformation du service en un groupe anti-terroriste, à qui cela ne pose pas de gros problèmes : le service "renseignements" et le service "action", indispensables à un tel groupement, existent déjà, les armes sont abondantes. Il suffit que l'argent afflue, que la couverture soit efficace et le tour est joué.
Pour obtenir gain de cause, ce groupe de pression, avec Michel Debré, Roger Frey, Jacques Foccart et Alexandre Sanguinetti à sa tête, va répandre dans les sphères du pouvoir la thèse suivant laquelle la France est gangrenée à tous les niveaux, et qu'il convient de trancher dans le vif .

D'où les demandes accrues de fonds pour financer frais de mission, voyages, stages, achats d'immeubles, véhicules, et, but suprême, un journal quotidien plus crédible que La Nation.

Puis la tension baisse insensiblement, l'opération stades n'a pas lieu et l'on s'achemine vers la préparation de la manifestation "spontanée", le raz de marée gaulliste du 30 mai.

Le S.A.C., malgré de nombreuses réticences, demeure l'enfant chéri du pouvoir, la reprise en main définitive de la police n'étant pas assurée.

C'est lui qui a la charge de l'organisation de la manifestation du 30 mai 1968, et plus particulièrement Charles Pasqua et Charly Lascorz.

Succès indéniable, marquant à la fois le retour à une situation "normale" en France, et la lin des grandes espérances du Service d'Action Civique.

En août de la même année, un assureur niçois, membre d'une fraction sécessionniste du S.A.C., Serge Constant, est arrêté pour avoir passé aux Etats-unis deux chargements de drogue. Il devait déclarer :

" ... J'ignorais que je convoyais de la drogue. On m'avait dit que je transportais des documents du M.A.C. qu'il fallait mettre en lieu sûr..."

Au sein de ces troupes encore mal remises du traumatisme de l'épuration, Jacques Foccart va procéder à une nouvelle sélection. Afin de mieux les contrôler, un grand nombre de barbouzes sont intégrées dans différents services de l'Etat : le S.D.E.C.E. en priorité, mais également la D.S.T. que l'on juge nécessaire de mieux tenir à la botte. De même, les Renseignements Généraux (R.G.) se voient adjoindre un grand nombre de "contractuels", payés sur les fonds secrets mais disposant d'ordres de mission des R,G. en bonne et due forme.
Ainsi, devant le danger de voir les polices parallèles remplir le même rôle que celles qui ont facilité l'accès de De Gaulle au pouvoir, l'Etat a préféré en assurer directement le contrôle et l'organisation.
On a pu de cette façon, en serrant les rangs, se débarrasser d'un encombrant ramassis d'imbéciles, de truands, de brutes bavardes ou de dirigeants mythomanes.

La tâche de la répression parallèle, prise en charge par le pouvoir, sera confiée à l'homme fort du nouveau régime : Raymond Marcellin, ministre de l'Intérieur.
Quant au patron, occulte mais omnipotent, du S.A.C., Jacques Foccart, mis en alerte par l'incident Poher survenu pendant l'intérim présidentiel au printemps 1969, Il va s'employer à redistribuer ses cartes. Il est encouragé dans cette politique par des personnalités aussi diverses que
Michel Debré, Charles Pasqua, Alexandre Sanguinetti et même Charbonnel, Fanton, Kaspereit. Taittinger, Lafay ou Tomasini, qui ne le soutiennent pas par amitié mais parce qu'ils pensent que lui seul peut empêcher la crise révolutionnaire d'aboutir.
C'est durant les huit premiers mois de 1970 que se répartissent les tâches les plus importantes et qu'apparaissent des noms jusque-là peu connus : Gaston Brun, alias Christian Roger. alias Maurice Boucard, alias Roger, devient le principal responsable des réseaux financiers de Jacques Foccart.

Son champ d'activité : la carambouille. l'escroquerie, le trafic de devises, tout un mécanisme clandestin mis au point pour faire entrer des capitaux plans les caisses noires du S.A.C., mais aussi du S.D.E.C.E. et de I'U.D.R.

La tâche de Gaston Brun est énorme car il s'agit non pas d'assurer la survie ou le fonctionnement au ralenti des réseaux, mais bien au contraire de permettre leur essor, en France, en Europe, sur le continent africain - domaine réservé de Jacques Foccart jusqu'au Canada, Indochine et Amérique du Sud. Gaston
Brun devait récupérer de l'argent, beaucoup d'argent.

Pour alimenter les réseaux tous les coups sont bons. Il est entouré d'hommes spécialisés dans les secteurs financiers comme Charles Beranger, Jean-Noël Touani, Christian Pradel. Roger Cohen, Olivier Caen et Charles Orsini que nous retrouverons mêlés aux combinaisons les plus invraisemblables susceptibles de rapporter des sommes importantes et surtout des liquidités.
Tout cet argent est . blanchi grâce à un circuit financier devenu classique, Gaston Brun est aussi un ami intime de Roger Delouette et de Dominique Mariani...

L'ordinaire étant assure, et largement, le S.A.C. lance une "opération séduction" en direction des groupuscules d'extrême droite. But immédiat: constituer des groupes d'étudiants modérés mais musclés afin de faire barrage au développement du gauchisme universitaire.
Parallèlement le S.A.C. crée de toutes pièces une organisation fantôme, I'U.N.I., ou " Union Nationale inter-universitaire". Cette politique est largement encouragée par le ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin, qui, depuis mai 1968, prend de plus en plus de place dans appareil de l'Etat.
La collaboration directe entre le S.A.C. et des forces éparses de l'extrême droite, que l'on tente de fédérer au nom de la "lutte contre le gauchisme", se traduit notamment, le 23 janvier 1970, par l'appel d'Olivier Guichard en faveur de la création de "groupes d'auto-défense" dans les facultés, le 7 février, par la première apparition des "appariteurs musclés" dont la brutalité deviendra rapidement légendaire ; le 28 avril, par l'adoption de la "loi anti-casseurs".

Dès son entrée en vigueur on comprend immédiatement la raison de l'intérêt porté aux groupuscules d'extrême droite. Ces derniers deviennent le détonateur nécessaire à l'explosion de ce que les services du ministère de l'Intérieur appellent benoîtement des "affrontements entre extrémistes des deux bords", ces opérations étant immédiatement suivies d'une répression qui, grâce aux renseignement recueillis, frappe les militants révolutionnaires.

On retrouve là le système classique : infiltration/répression, tactique rodée tour a tour contre le F.L.N., I'O.A.S. et maintenant l'ultra gauche.

L'infiltration est planifiée par Charly Lascorz au sein d'une "section anti-gauchiste" de l'E.T.E.C. animée par Gilbert Le Cavelier.
Omniprésent, celui-ci gardera des contacts avec les divers groupuscules nationalistes ainsi qu'avec des sections du S.A.C. ayant choisi la dissidence, et même avec le syndicat fascisant C.F.T.

Profitant de ses contacts, il centralise les informations sur les militants gauchistes, et effectue par la même occasion le fichage des éléments d'extrême droite. Il est vrai que Le Cavelier a été recruté à la même époque par les services de Foccart; ce qui explique cette frénésie de fichage.

Il fait suivre les renseignements à l'inévitable Me Lemarchand.

Ce dernier effectue la sélection et en transmet une partie aux Renseignements Généraux. La D.S.T., pour sa part, est alimentée par Francis Gemine. ancien adjudant en lndochine, membre du S.A.C.. qui fut gérant à Versailles d'un restaurant fréquentés par les Barbouzes, indicateurs et truands à l'époque de l'affaire Markovic.
Foccart, de son côte, en réfère à Michel Debré et ainsi tout le monde
y trouve son compte.

En fait, la période de flirt entre le ministère de l'Intérieur et les groupements fascistes ne dure guère.

Le bouclier protecteur de la place Beauvau est vite retiré dès que le pouvoir s'aperçoit que les groupes fascistes n'ont réalisé qu'à moitié la besogne prescrite ; la dissolution d' "Ordre Nouveau" intervient un peu plus tard.

Ce demi-échec est l'occasion rêvée pour Foccart de proclamer que "l'on ne pouvait faire confiance qu'à des professionnels qui connaissent leur travail, qui reçoivent une mission et qui la mènent à bonne fin".

Le Service d'Action Civique, dont le Secrétaire général Debizet occupe le plus clair de son temps à tenter de s'y retrouver dans les débris de ses archives, passe une année 1973 relativement calme, à l'exception de quelques incidents mineurs durant la campagne électorale de mars.
Par contre, l'année 1974 est rude pour les barbouzes en général et le SA.C. en particulier.
Le 25 mars 1974, Libération lance un pavé dans la mare en publiant un document émanant du S.A.C. Daté du 24 mai 1968, il porte le timbre "diffusion restreinte" et contient une liste de noms et d'adresses. Les noms sont ceux de Marseillais à "regrouper" au stade de ' l'Huveaune ou au Stade Vélodrome "en cas de clash et sur ordre de Paris". Cette liste provient selon le document lut-même de la D.S.T. et l'ensemble confirme qu'en mai 1968 des dispositions, ont été prises par les polices officielles, et parallèles pour interner dans les
stades, près de mille personnes.

Le 14 mars 1974 Libération apporte la preuve indiscutable que, loin d'être limitée à Marseille l' "opération stades" était planifiée nationalement et produit des documents intéressant notamment Grenoble et Lyon.
La panique gagne tous les groupes du S.A.C., le quartier général de la rue de Solferino, remonte les filières des réseaux Foccart.

Il y a une fuite. Il faut la découvrir et la colmater.

A Marseille, à Paris, à Lyon, à Grenoble, les réunions succèdent aux réunions. En vain. Nul ne songe aux copies des archives de Jean-Marie Tiné.

Personne ne pense aux centaines de documents, aux fiches, aux talons de chéquiers, aux ordres de mission que des militants, des chefs de groupes, des chargés de mission, ont mis à l'abri au fil des années.

A la suite de "l'affaire des stades", la direction du S.A.C. se devait de trouver un bouc émissaire. Ce fut Gérard Kappé, chef régional Provence-côte d'Azur accusé en particulier d'avoir laissé traîner des documents aussi compromettants que les listes et le fameux ordre de mission numéro 783.

Gérard Kappé fait donc les frais de l'opération, il est limogé. Du moins officiellement, car l'affaire Lascorz démontre que les cadres du S.A.C. préparent toujours très soigneusement leur sortie avec des dossiers.

Parallèlement à la publication des révélations de Libération, la situation sociale et politique se tend. Les membres du S.A.C. sont invités à ressortir leur arsenal afin de provoquer les traditionnels réflexes de peur dans la majorité dite "silencieuse".
Par la même occasion, on règle des comptes : vengeance, attaques, mises au point, etc. etc.

La découverte des coulisses de cette action est particulièrement importante car elle démontre, de façon irréfutable, la collaboration d'un officier de police avec un commando du S.A.C. Or cette présence est une constante rencontrée tout au long de cet ouvrage et a toujours été niée en haut lieu, ce qui permet à Alain Dugrand et Jean-paul Riton, les deux journalistes marseillais de Libération, de conclure :

"... Evidemment, c'est Pompidou qui a raison. Il n'y a pas de polices parallèles en France. Et il n'y a pas de collusion entre ces milices et les services officiels. Autrement dit Pompidou est un menteur ..." (Libération du 25 mars 1974).

Le député communiste des Bouches-du-Rhône, Georges Lazarrino. membre du Comité Central du Parti Communiste français, tenta vainement d'obtenir des informations sur l'affaire en posant une question écrite au ministre de l'Intérieur.

Reprenant toutes les informations publiées dans Libération et déjà fournies à la police, il s'étonnait du silence du ministre de l'Intérieur alors Jacques Chirac - et le sommait de s'expliquer.
Ce fut peine perdue.

(QUELLE COINCIDENCE N’EST-CE PAS ?)

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Autre exemple caractéristique de la façon dont le pouvoir gaulliste peut délibérément enliser une affaire dans un marais juridique, faisant la preuve, s'il en était besoin, que le droit et la justice sont sa propriété : l'affaire de la fusillade de Puteaux.

La technique demeure partout la même : d’abord colmater les brèches pour parer au plus pressé, ensuite étouffer.

(COMME LES HARKIS, LES PIEDS NOIRS ET CEUX QUI SONT MORTS PARCE QU’ILS N’ETAIENT PAS D’ACCORD AVEC DE GAULLE )

Par contre  les hommes du S.A.C. peuvent avoir confiance dans la justice de leur pays ...

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A la veille du décès du Président Pompidou en avril 1974, la structure du S.A.C. a beaucoup évolué. La direction du mouvement sent que le terrain n'est plus sûr et qu'il devient peut-être indispensable de rentrer à plus ou moins brève échéance dans la clandestinité. Une nouvelle restructuration a lieu pour permettre aux éléments indispensables du Service d'Action Civique de s'intégrer, le moment venu. dans un ensemble plus vaste : celui des réseaux Foccart.

Signe des temps, le Secrétaire général du S.A.C. Debizet, se voit fort civilement prié de déguerpir des bureaux du 5, rue de Solférino, qui appartiennent à « l’institut Charles de Gaulle ».


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VOUS VOULEZ ENCORE DES PREUVES SUR LA MENTALITE GAULLISTE?

Alors suivez le guide...

Le fait est que les résultats des sondages publiés quotidiennement sont loin de rassurer les cadres du S.A.C. dont la nervosité croit régulièrement.

C'est durant cette période difficile que naît l'idée d'appliquer une "stratégie de tension" comparable à celle mise en Oeuvre en Italie dès 1969 avec tout le lot des "attentats extrémistes", des "exactions", du "vandalisme gauchiste", des provocations permanentes soigneusement orchestrées et mises au point depuis la centrale de Foccart, boulevard de Magenta.
...
Le plus violent de ces affrontements a pour cadre le restaurant-cabaret "Don Camillo". La presse s'en fait l'écho: "La campagne électorale des .S.A.C. est mal partie" .

Une réunion commune avec les C.D.R. se termine en bagarre (Libération du 12 avril 1974) :

"Mercredi soir, le sous-sol du restaurant-cabaret "Le Don Camillo", rue des Saints-pères, à Paris, accueillait des hôtes de choix. En effet, c'est dans les sous-sols du "Don Camillo" que le "Club des Vieux de la Vieille" a son siège et ses salles de réunion.
Le "Club des Vieux de la Vieille", c'est l'Amicale des Anciens des réseaux "Action" de la France Libre. Bref, vous voyez le genre ? Parmi les membres, Dominique Ponchardier, le gorille, Marie-Madeleine Fourcade, Paul Comiti et bien d'autres de plus basse volée.
Donc, mercredi soir, réunion des chefs de groupes du S.A.C., des C.D.R., en vue de déterminer les modalités du soutien aux "candidats" de la majorité. Etaient présents le secrétaire général du S.A.C., plusieurs responsables nationaux et départementaux des C.D.R., un capitaine du S.D.E.C.E., deux officiers de police de la D.S.T. et quelques gorilles musclés. Dès le départ, l'unanimité a été loin de se faire sur la personne de Jacques Chaban-Delmas, d'aucuns lui prédirent le candidat "pur et dur" Christian Fouchet, d'autres encore, peu tentés par une nouvelle campagne électorale qui risque de tourner mal pour eux, prédiraient purement et simplement ne point y participer. Le whisky aidant, l'ambiance a rapidement évolué et même dégénéré.

A 23 h15, les éclats de voix laissent la place aux éclats tout court.
Une bagarre éclate, brève, rageuse. Chiaramonti dit Walter, barbouze bien connu, se faisait ouvrir le crâne d'un coup de bouteille. Petropoulos, indicateur de police, agent du S.D.E.C.E., barbouze du SAC,(bref tout pour plaire) était dirigé sur une clinique privée et accueillante.
La réunion ayant tourné court, pour les raisons que l'on sait, la barbouzerie a rejoint ses écuries respectives.

La majorité chez Chaban, quelques-uns chez Fouchet, une minorité au "Centre des Républicains Libres"de Bozzi.

On assure que Foccart lui-même commence a y perdre son latin. Le latin peut-être, mais pas les pédales en tout cas puisque sa villa de Luzarches a reçu d'intéressantes visites sur lesquelles nous reviendrons demain ..."

Car Foccart consulte beaucoup ; le résultat des entrevues dépasse ses prévisions les plus pessimistes.

Jacques Chaban-Delmas courant à l'échec, les barbouzes étaient assurées de perdre sur tous les tableaux. Il n'y a plus qu'à tirer le rideau en cas de victoire de François Mitterrand et de l'Union de la Gauche. Quant à l’hypothèse d'un succès de Valéry Giscard d'Estaing, elle ne réjouit guère plus car les Républicains indépendants leur chef et leurs amis politiques ont été traqués durant trop d'années par les hommes de Foccart. Arrive le moment où l'on présente l'addition.
Jacques Foccart n'est pas un homme indécis. Ayant déjà évacué ses bureaux avant que le Président intérimaire Alain Poher ne l'en expulse, il décide de retirer purement et simplement son épingle du jeu. Il ordonne à ses hommes de confiance de quitter le S.A.C. et de rester sur la touche, se réservant dans les semaines et les mois à venir de les réintégrer dans ses propres réseaux. C'est l'occasion d'effectuer une ultime purge, Foccart laissant ainsi au Service d'Action Civique le soin de le débarrasser des tièdes, des irrésolus, des bavards. bref des éléments dont il était le moins sûr.

Après la victoire de Giscard d'Estaing, l'élimination officielle du S.A.C. est à l'ordre du jour. Sans déclarations fracassantes, sans affrontements spectaculaires, mais avec efficacité.

Définitivement expulsés de la rue de Solférino, repoussés par Jacques Foccart, les barbouzes de Debizet se voient retirer l'usage de leur pied-à-terre du 123, rue de Lille, Alexandre Sanguinetti invoquant "le manque de place dans des locaux déjà trop exigus".
C'est la débandade durant l'été 1974, Jacques Foccart a casé certains de ses spécialistes dans le "Groupe Paladin", organisation internationale de barbouzes, basée en Espagne, à Albuferata (El Panorama 9 E) et dirigée par le Docteur Gerhardt Harmut von Schubert, figure bien connue du monde du renseignement international.
Ancien spécialiste du ministère de la Propagande de Joseph Goebbels, devenu après la guerre l'adjoint du Professeur Johannes von Leers, alias Omar Amine, installé au Caire, il sert en Argentine, puis, après la chute de Peron (en 1953), en Egypte et en Irak.

Le groupe Paladin a l'habitude de travailler partout dans le monde, y compris derrière les rideaux de fer et de bambou.

Comme l'affirme von Schubert :

"... Nous avons des experts parfaitement qualifiés dans de nombreux domaines qui sont prêts à effectuer des missions dans le monde entier ... . (Entretien prive avec l'auteur).

Fixé à Alicante en 1971, le Docteur von Schubert a installé une antenne à Zurich, en plein quartier bancaire, sous le couvert d'une société de services qui fournit domiciliation, taxiphone et télex à d'autres organismes européens ou non, spécialisés dans le renseignement et l'action.
Il recrute très facilement des spécialistes en cette période creuse pour les ex-légionnaires, paras, mercenaires ou barbouzes qui constituent l'essentiel du groupe Paladin.
...
Des premiers résultats sont enregistrés, en particulier à la suite de l'enlèvement à Neuilly-sur-seine, le 3 mai 1974, de Balthazar Suarez, directeur de la Banque de Bilbao à Paris

--mais on manque d'hommes connaissant à fond le terrain français.

Jacques Foccart bondit sur l'occasion et loue à von Schubert les services de plusieurs groupes du S.A.C., aujourd'hui sur le pavé.

A l'automne 1975, la dissolution du "Service d'Action Civique", secoué par des luttes internes, en butte aux tracasseries administratives, démonétisé, trop voyant et trop remarqué, est considérée par les spécialistes comme proche.

Ainsi que le soulignait désabuse, un ancien secrétaire général adjoint du S.A.C.. André Montini :

"... C'est Poniatowski qui va nous donner l'estocade, c'est juste, nous aurions dû frapper les premiers !...".

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Partie 2



 
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