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Salan 5 étoiles note de Gaulle 2 étoiles

RAOUL SALAN
L’Algérie de Gaulle et moi
(Presses de la Cité – Paris)


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P.203
Je suis prié de me rendre le 8 janvier à l'Elysée pour la passation des pouvoirs. C'est le matin. La cérémonie a lieu dans la grande salle, tous lustres allumés. Précédé des huissiers en grande tenue, le président René Coty, ayant à ses côtés Charles de Gaulle, fait son entrée. Après de brèves allocutions, les Grands chanceliers passent au général de Gaulle le collier de l'ordre de la Légion d'honneur puis celui de la Libération.

Le soir, à 17 heures, une cérémonie est organisée à l'arc de triomphe. Après le dépôt de gerbes M. René Coty monte en voiture en compagnie d'un familier puis, descendant Favenue des Champs-Elysées, regagne dignement sa retraite
normande.

Tout ceci s'est déroulé très vite et le protocole s'en est fâcheusement ressenti, mais l'on percevait le désir du président Coty de mettre fin très rapidement à cet ultime devoir. Quant au général de Gaulle, il avait hâte d'être seul.

Personnellement, j'ai été touché par la grandeur d'âme du président René Coty. Je n'oublie pas que, pendant mon commandement en Algérie, il n'a cessé de me soutenir. Pourtant, le 14 mai 1958 j'ai enfreint les règles de la discipline en ne diffusant pas son appel aux troupes. Il ne me l’a jamais reprochés me disant même le 14 juillet suivant, lors de la réception à l'Elysée : « Mon général, je vous remercie au nom de la France de ce que vous avez fait pour elle. »

Ainsi, selon les déclarations qu'il m'avait faites dans l'avion, le 2 octobre dernier, voici le général de Gaulle président de la République... La France lui appartient désormais.
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P.204
le général Koenig :
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« Alors, Salan, me dit-il, cela doit vous coûter d'avoir quitté notre chère Algérie. Le général de Gaulle avait fait pour vous une entorse peu coutumière à ses résolutions! II a toujours été farouche partisan de la séparation des pouvoirs, le civil ayant la primauté sur le militaire. Et pourtant, vous étiez là-bas en train de gagner la partie...
« Vous allez donc loger dans ce gouvernement militaire que je connais bien. Vous y découvrirez une chambre, dite de la duchesse d'Abrantès... Je ne sais si le lit est authentique, quoique très style empire, toutefois je ne pouvais pas y étendre mes jambes...
« L'appartement est agréable et vaste, mais pour aller aux toilettes (2) il faut faire une véritable marche d'épreuve car cet endroit se situe au bout du couloir qui n'en finit pas. Votre bureau est beau, vous aurez devant vous toute l'esplanade des Invalides, et puis vous travaillerez sur la table de Murât.
« Puisque vous participerez aux grandes manifestations du régime — et Dieu sait si elles sont nombreuses et trop souvent lassantes — nous aurons l'occasion de nous rencontrer et j'en serai toujours heureux! »

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Le travail s'organise et je ne m'attends pas du tout au mauvais coup mijoté dans les coulisses. Le 10 février, mon chef d'état-major entre dans mon bureau le Journal officiel du jour à la main et dirige mon attention sur la page 17975 à la rubrique : « Décrets, arrêtés et circulaires — Premier ministre — Décret n° 59-262 du 7 février relatif aux attributions du chef d'état-major général de la Défense nationale. »
Les huit premiers articles ont trait aux fonctions du chef d'état-major nouvellement désigné, le général Ély, l'article 9 par contre est ainsi rédigé en deux petites lignes : « Sont abrogées toutes dispositions contraires au présent décret et notamment le décret n° 58-1232 du 16 décembre 1958. »

Ainsi, d'un simple trait de plume, l'Inspection générale de la Défense, à peine née deux mois avant et selon la lettre même du 25 novembre du général de Gaulle, n'existe plus! Je ne suis donc plus Inspecteur général de la Défense nationale. Or, jusqu'à ce jour, tout me portait à croire que là seraient bien mes fonctions essentielles, le poste de gouverneur ayant simplement facilité l'installation de mes bureaux pour me permettre d'exercer les attributions qui m'avaient été dévolues.

J'éprouve le sentiment profond d'avoir été dupé... Je n'ai donc plus qu'à quitter ce service de l'État où le mensonge semble devoir s'instaurer. Mes officiers et mes amis s'empressent autour de moi pour m'en dissuader, m'assurant que l'Algérie a toujours besoin de moi!

Je ne puis cependant encaisser pareil camouflet sans réagir, aussi, le 10 février 1959, j'écris au général de Gaulle. …..
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P.207
Le 15 février, alors que je ronge mon frein, le général me répond :

« Mon cher Salan,

« Vous interprétez très exactement mes intentions dans votre lettre du 10 février : je n'envisage pas de vous écarter de la haute direction des affaires militaires,
« Mais la première formule choisie s'insérait mal dans le cadre des nouvelles structures qui viennent d'être mises en place.
« Je vais vous faire nommer par décret membre de droit du Conseil supérieur de la Défense. J'ai en outre l'intention de vous associer, en tant que de besoin, aux délibérations gouvernementales touchant à la Défense nationale et à la défense de la Communauté, par le biais du Comité de Défense.
« Je n'oublie pas les services que vous avez rendus au pays et vous conserve toute mon amicale confiance.
« Croyez, mon cher Salan, à mes sentiments très cordiaux
,.»

Je détiens l'original de cette lettre.

Quelques jours après lorsqu'il me reçoit, je proteste de nouveau fermement contre le sort qui m'est fait par cette espèce de destitution officielle et publique. Le général fait effort d'amabilité et dit :

« Détrompez-vous, Salan, vous demeurez auprès de moi puisque vous êtes désormais membre du Conseil supérieur de Défense, et vos fonctions de gouverneur militaire de Paris sont revalorisées du fait de ma présence au sommet de l'État. Vous succédez à des chefs exceptionnels tels que Gallieui et Gouraud, qui, comme vous, ont eu un passé colonial historique. Ainsi que je vous l'ai écrit, vous avez toute ma confiance. »

Sur ces mots le général me tend la main. Je me retire assez « refroidi ».

Rentré à mon bureau je suis l'objet de trop de pressions honnêtes et amicales pour abandonner ceux qui m'ont sans cesse suivi sur des chemins difficiles, et qui n'ont, comme moi, qu'un seul souci, qu'une seule préoccupation : maintenir l'Algérie dans la France.

Je décide donc de rester, mais me voilà sur mes gardes.

L'INQUIÉTUDE GRANDIT A ALGER — ANNIVERSAIRE DU 13 MAI 1958-

P.212
Le Premier ministre, Michel Debré, qui en revient, fait un exposé. N'a-t-il pas déclaré le 10 février à Alger même :

« L'Algérie est terre de souveraineté française. Ceux qui y vivent sont des citoyens français. C'est le droit, la réalité politique, la base de l'action.
« Mais c'est par notre activité dans le domaine économique, social et des relations humaines qu'il faut chaque jour forcer la légitimité française.
»

P.213 -214
En Algérie cependant certaines mesures de clémence prises par le nouveau président de la République, en faveur de nombreux fellagha convaincus d'assassinats, sont vivement critiquées. La conférence de presse qu'il tient le jeudi 25 mars à l'Elysée — c'est une première dans cette vieille maison et cela constitue un événement — est amplement discutée. La rancœur à l'égard du général est même exprimée publiquement et des envoyés du Mouvement populaire du 13 mai viennent me demander d'intervenir. Je ne l'estime pas utile présentement, mais, comme eux, je suis inquiet.

Un passage de la conférence de presse a particulièrement troublé les populations à Alger.

« J'ai la conviction, dit en effet le général, que l'Algérie et la France continueront à avoir une histoire commune, A mesure que cette Algérie prendra sa figure et son âme, son destin politique apparaîtra dans l'esprit et les suffrages de ses enfants. Intellectuellement, socialement, moralement, l’Algérie est en gestation. »

II devient indéniable que l'équivoque s'installe sur le plan gouvernemental à Paris. Les propos tenus par Michel Debré et ceux tenus par le général ne sont pas sur la même longueur d'onde.

Le premier, lorsqu'il est à Alger, parle de souveraineté française, de province d'Algérie. Le deuxième, de Paris, déclare que l'avenir politique de l'Algérie « est en gestation ».

Comment ne pas reconnaître qu'il y a là de quoi troubler ces gens qui ont peur d'être abandonnés et de perdre le bénéfice de leur mouvement de mai 1958.

A quelque temps de là, je suis l'hôte d'honneur du Cercle républicain que préside Robert Poulaine, mon compagnon de l'époque Georges Mandel au ministère des Colonies. J'ai à mes côtés le docteur Pierre Devraigne, nouveau président du Conseil municipal de Paris, qui est mon grand ami, M. Georges Dardel, président du Conseil général, les préfets de police et de la Seine. L'assistance se presse nombreuse autour d'un déjeuner bien servi. A la fin du repas, sous les applaudissements, il m'est demandé de prendre la parole.

« Nous ne devons pas perdre la guerre d'Algérie, dis-je. Jamais l'armée ne permettra que nous abandonnions ces départements, car la France ne serait plus la France et ce serait nous priver des ressources énergétiques que procure notre Sahara. »
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P.214 – 215
le général s'adresse à moi en ces termes :

"Pourquoi, Salan, les Algérois, ces temps-ci, expriment-ils du mécontentement? J'ai apporté à l'Algérie une aide économique exceptionnelle, j'ai renforcé les moyens militaires, alors de quoi se plaignent-ils? Je les connais bien, depuis mon arrivée à Alger le 30 mai 1943, et je les sais forts en paroles, mais je ne comprends pas leur ressentiment actuel, que veulent-ils donc exactement de moi? "

« Mon général, il est exact que l'Algérie, sur le plan économique, connaît une période heureuse et nul ne le nie. Sur le plan opérationnel, le général Challe marque de sérieux progrès. Cependant, un fait trouble les Européens, c'est que vous ne preniez aucune décision d'ordre politique. Votre conférence de presse de fin mars leur donne à penser que l'Algérie et la France sont deux entités différentes. Aussi s'inquiètent-ils de leur devenir. Comme ils ne représentent que le dixième de la population, ils craignent d'être submergés par les Musulmans et de voir l'action du 13 mai se retourner contre eux. »

« Bien, passons... »
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P.221
C'est à Tizi-Ouzou, en pleine Kabylie, qu'il prononce ces paroles :

« Je crois percevoir de grandes espérances et d'abord celle de la paix... »
« II faut en finir avec la pacification »,

dit-il aux cadres dans son passage aux mess. Cela, c'est le langage pour les militaires.

« Les Algériens feront leur destin eux-mêmes »,

ajoute-t-il aussi. En privé il parle de trois options : la francisation totale du pays ; l'autonomie, la France préservant quelques-uns de ses droits tels que ceux de l'économie ; et l'indépendance... Car le mot est lâché, et, comme il y a toujours des indiscrétions — mais le général ne les recherche-t-il pas ? — d'aucuns s'abreuvent de ces derniers propos mais d'autres, et surtout les militaires et les Musulmans fidèles, ne comprennent plus et s'étonnent d'être ainsi traités.

A la différence du chef de l'État, et pour ajouter à la confusion des esprits, à Paris, Michel Debré déclare à la presse :

« Si la France quittait l'Algérie, ce serait aussitôt la guerre civile. »

Après cette première tournée dite « des popotes », je reçois de
nombreuses lettres ou visites tant d'officiers que de civils.

p.222
Les termes de la conférence de presse radiotélévisée du 16 septembre, où le général reprend les trois postulats déjà confiés en catimini à un sous-préfet d'origine musulmane de Tizi-Ouzou, vont ajouter à leur détresse.

Cette fois c'est officiel et les passions vont se déchaîner.

En effet, au cours de sa conférence, le général développe pleinement sa pensée, en particulier l'autodétermination des Musulmans. Pour ceux qui se battent depuis 1954, pour ceux qui ont fait le 13 mai 1958 et pour tous les Musulmans qui nous ont suivis, c'est la condamnation sans réserve et le F.L.N. reprend l'espoir de gagner la partie.
Soir de deuil à Alger et dans toute l'Algérie où les conversations vont bon train.

Qu'allons-nous devenir ? Que va faire l'armée ?

Le maréchal Juin, enfant de Bône, et mon voisin actuel puisqu'il occupe les bureaux situés sous mon appartement des Invalides, me fait prier de me rendre auprès de lui.

Il est très ému et me dit :

« Où allons-nous, Salan? Je ne puis laisser passer cette conférence de presse sans réagir sur le plan personnel. »

Je l'en remercie et, le 26 octobre, après mûres réflexions, le maréchal prend position dans un long article donné au journal Aurore et dont voici les passages essentiels :

« N'est-il pas outrageusement surprenant que la Tunisie et le Maroc ne tentent rien pour désarmer les bandes hostiles ?
« L'ennemi est installé en France aux aguets...

II serait grand temps, si l'on tient à ce que la pacification soit accélérée, qu'on y portât remède en songeant au sang français qui coule et au malheur qui s'est abattu depuis cinq ans sur les laborieuses et pacifiques populations algériennes...
« Ne laissons pas, de grâce, se détériorer les situations sous l'effet d'un terrorisme larvé et du doute qu'on fait planer sur nos intentions. La masse des Musulmans raisonne comme le centurion de l'Évangile..."Domine non sum dignus itt intres sub tectum tneum, sed tantum die verbo et sanabitur anima mea"
(Seigneur, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, mais dites seulement une parole et mon âme sera guérie.) et est en droit de craindre qu'en Algérie, comme ailleurs, nous n'abandonnions nos amis.

« II faut donc qu'il soit bien convenu qu'aucun acte ne pourra être accompli par la France qui puisse semer le doute dans l'âme déjà fort troublée des Algériens français et musulmans. »

Le maréchal laisse parler son cœur. C'est le grand chef de guerre soucieux des hommes qu'il a menés dans la bataille, qui lui ont fait confiance et qui l'ont suivi, qui s'exprime :

« Voilà le vœu que forme pour ses frères algériens, français et musulmans, un vétéran de l'armée d'Afrique, qui a grandi dans son sein et qu'elle n'a cessé d'abreuver de fierté, un vieux soldat qui compte actuellement dans sa famille quatre générations de Français de souche qui se croyaient jusqu'ici indéfectiblement attachés à l'Algérie, leur vraie patrie. Il serait désespérant de voir un jour la France ramenée dans ses frontières de 1815, à la chute de Napoléon, avec toutes les conséquences malheureusement prévisibles d'un pareil abandon. »

Dès que j'ai connaissance de cette déclaration, je me précipite chez le maréchal. Nous nous étreignons, fort émus, mais inquiets du devenir de cette Algérie que nous, nous ne cessons de vouloir sauver.

Ce communiqué, rapidement diffusé chez nos cadres et dans les cités, apportera un peu de calme à la population, bien que les craintes demeurent à cause de la position prise par l'Elysée.
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P.235 – 236 - 237
Que va donc faire le commandement d'Alger, le général Coste et le colonel Fonde ? Ils donnent tout bonnement l’ordre de charger et de faire dégager le terrain où la foule s'est rassemblée. A 17 h 45, la colonne, aux ordres du colonel Debrosse, s'ébranle d'un pas lourd. Tout le monde se met en alerte et les territoriaux envoient quelques cadres faire refluer les civils vers le bord de mer pour dégager leur champ de tir. Cela demande un certain temps.

C'est alors qu'à 18 h 10, les gardes, sans faire de sommations, foncent à partir du boulevard Pasteur en appuyant leur mouvement par des jets de grenades lacrymogènes. Deux inspecteurs, qui ont été chargés de prendre la tête de la colonne s'y sont refusés faisant valoir que le P.C. des territoriaux est en contact avec le commissariat central qui a, en effet, placé à la Compagnie algérienne deux des siens pour surveiller la manifestation, et que, par ailleurs, ils n'ont reçu aucun ordre de leurs supérieurs hiérarchiques pour faire les
sommations...

Il se produit alors un incident.

Dans la foule, un homme dont l'identité ne pourra jamais être découverte, tire un coup de feu en l'air, à côté du restaurant le Paris.

Sans sommations encore, je le répète, les gardes ouvrent le feu.

Les territoriaux ne peuvent riposter tout de suite car il y a toujours des civils entre eux et les forces de l’ordre. Ce n'est qu'à 18 h 20 que leurs fusils mitrailleurs entrent en action et font de gros dégâts à la colonne qui charge, particulièrement sur la place de la Poste.

De tous côtés on essaye d'arrêter le feu, mais seule l'arrivée des parachutistes permettra d'y parvenir. En effet, le Ier R.E.P. du colonel Dufour, venant par le tunnel des Facultés, et le Ier R.C.P., arrivant par le boulevard Baudin, encadrent le plateau des Glières. Il était temps que le drame de cette journée se termine!

Ces coups de feu que j'ai entendus de Paris ont été pour moi un vrai déchirement! Le bilan en est tragique, treize gendarmes, dont deux officiers, et six civils tués, cent dix-sept gendarmes et vingt-quatre civils blessés, soit cent soixante personnes tuées ou blessées !

A quoi l'attribuer ?

Tout d'abord aux ambiguïtés de la politique algérienne du général de Gaulle, mais ensuite aux regrettables erreurs du commandement local. Les uns et les autres n'étaient pas sans connaître le degré d'exacerbation auquel était parvenue la population d'Alger qui vivait dans la peur d'être abandonnée.

Pourquoi ne pas être allé vers elle ?

Qu'a fait le délégué général? Rien! Je n'ai pas connaissance qu'il se soit manifesté publiquement dans les tractations sans nombre qui ont marqué cette pénible journée.
Pourquoi ne pas avoir essayé de ramener le calme, ne pas être allé au contact, puisqu'il apparaissait qu'il y avait risque d'émeute dans la rue? On n'a même pas aperçu son ombre...

Et pourtant, il assumait à lui tout seul l'entière responsabilité politique avec sous sa coupe le chef militaire qui tenta, pour sa part, mais sans succès, de calmer les esprits.

Je connais le général Coste, d'origine « pied-noir »s et le colonel Fonde qui, coloniaux comme moi, ont été sous mes ordres en Indochine où ils se sont fort bien comportés. Mais à les juger sur les événements de cette journée, je ne puis être tendre à leur égard. Je suis d'autant plus étonné du comportement de Coste qu'après le 13 mai il était venu me remercier des services que je venais de rendre à sa terre d'origine. Il devait bien connaître, tout de même, ses compatriotes!... Ceci c'est le plan moral.

Dans le domaine tactique, je note chez Coste et Fonde une méconnaissance totale du combat de rue, dans lequel il faut toujours essayer de parlementer, le militaire étant couvert par le commissaire de police. On n'envoie pas un colonel de gendarmerie au devant de la foule, on y va soi-même et on essaye de la raisonner, surtout si des contacts ont été établis antérieurement, comme ce fut le cas entre Coste et Ortiz. De surcroît les gardes, qui avaient été prélevés dans différentes unités, ne formaient pas une unité cohérente, ce qui est une faute, car pareille troupe échappe souvent au commandement qui la connaît mal, et pourquoi ce triage ?

D'autre part puisqu'on engageait le 1er R.E.P. et le 1er R.C.P. sur le flanc droit des gardes, pour encercler les manifestants par deux avenues descendant au plateau des Glières, il était indispensable de minuter exactement le rendez-vous, l'arrivée sur place des paras, enfants chéris d'Alger, avant les gardes aurait évité tout coup de feu... Or ce n'est que trois quarts d'heure plus tard qu'ils arriveront.

Il y a là une faute capitale, et quelle erreur sur le plan humain! C'était un beau dimanche de janvier et les Algérois, qui viennent avec leurs familles sur ce plateau qui leur est sacré, n'ont nullement l'intention d'envahir un quelconque bâtiment public. Pourquoi alors donner l'ordre de charger? La journée touchait à sa fin, il faisait presque nuit et, venus très souvent de loin, les manifestants, avec femmes et enfants, se seraient dispersés d'eux-mêmes.

Dans ce genre de manifestation, le chef doit savoir maîtriser ses nerfs et faire preuve de sens humain.
Combien je déplore ce lourd bilan qui pèsera sur l'avenir! Une nouvelle page de l'histoire de l'Algérie s'ouvre et elle menace d'être amère.

A la suite de ces événements j'estime de mon devoir de prendre position et rédige une lettre pour le général de Gaulle :

Paris, le 26 janvier 1960.

« Mon Général,
« Au moment où des événements tragiques particulièrement lourds de conséquence ensanglantent notre terre
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P.239 - 240
Le général Jouhaud signe cette lettre avec moi.

A 11 heures, ce mardi 26 janvier, le colonel Juille la porte à l'Elysée, elle est immédiatement remise par un officier du cabinet à son destinataire. Il m'en est rendu compte à midi.

Je descends alors voir le maréchal Juin, lui explique ce que je viens de faire et lui tends une copie de la lettre.
Je le sens troublé à sa lecture... Il est assis, ses jambes se croisent et s'entrecroisent... Il la relit une nouvelle fois, me regarde droit dans les yeux, et me dit :

« Merci, Salan, je vous comprends trop bien! Où allons-nous? Mais... Il va vous foutre à la porte! »

Je le quitte sur ces derniers mots.
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« Bombardez-les avec nos avions, faites foncer nos chars ! » dit André Malraux.

MM. Jacques Soustelle et Bernard Cornut-Gentille expriment alors leur désaccord.
La radio parle de ma mise à la retraite. Ce qui est certain, c'est que je suis devenu l'objet d'une surveillance policière particulièrement serrée. M. Cornut-Gentille ministre des P.T.T., me prévient de faire attention à mes conversations téléphoniques, car je suis branché sur une table d'écoute. Je m'en doutais, mais le remercie de sa confirmation. Le lendemain, le ministre des Armées, M. Guillaumat, me prie d'aller le voir en fin de matinée.

« Vous avez écrit au général une lettre dont il n'est pas satisfait » , me dit-il.

Je réponds tout simplement :

« Je n'ai fait qu'exprimer les sentiments auxquels je demeure fidèle...
Je reviens d'Alger. Ce que j'ai vu n'est pas réjouissant! Avez-vous une solution?
Pour moi, il n'y en a qu'une, il suffit que le général de Gaulle prenne une position nette et déclare, comme il me l'a écrit en son temps,

« nous ne lâcherons pas l'Algérie ».

Le ministre., alors, lève les bras au ciel.

« II ne le fera pas! A la grâce de Dieu maintenant! »

P.245
Le 13 février à Reggane,le champignon nucléaire monte dans le ciel du Sahara.
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Cette explosion est malheureusement suivie d’une action de mauvaise humeur à l’égard de l’Algérie. En Conseil des ministres, le gouvernement décide la dissolution des unités territoriales. Les attributions préfectorales assumées par les officiers depuis le 13 mai 1958 leur sont retirées, de plus les services de police dirigés jusque-là par le colonel Godard passent directement dans les mains de Paris.

Des mutations interviennent, les généraux Faure, Gribius et Mirambeau, ces deux derniers anciens compagnons de Leclerc, sont rappelés en métropole ainsi qu'une bonne vingtaine d'officiers.

La justice militaire est réorganisée et le service d'action psychologique supprimé.

Nous assistons en fait à une démolition complète de ce qui avait permis à l'Algérie, après le 13 mai, de connaître des jours d'espoir et de progresser vers un avenir constructif dans une heureuse symbiose de l'Européen et du Musulman.

Toutes ces perturbations pèsent sur le climat issu des douloureuses journées de janvier. C'en est fini de la confiance pourtant retrouvée à la suite des efforts de tous au cours des années 1957 et 1958. Le général, prévenu, n'en a cure et décide enfin d'effectuer un voyage en Algérie, ce qui ne s'était pas produit depuis le mois d'août 1959.

Il évite Alger, son but étant de parler aux militaires de l'intérieur. Challe l'accompagne.
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P.746
Après avoir atterri à Telergma, passé par Collo au 3e régiment étranger d'infanterie, puis par Catinat, il arrive à El Milia où commande le colonel Trinquier qui le reçoit. Il importe de noter particulièrement les paroles qu'il y prononce:

« Ce que Ferhat Abbas appelle l'indépendance c'est la misère, la clochardisation, la catastrophe. Je ne crois pas que les Algériens choisissent cela. La France ne doit pas partir. Elle a le droit d'être en Algérie, elle y restera. Aux militaires de faire que nos armes l'emportent. »

Les cadres et la troupe boivent ces paroles...

C'est ensuite la région de Tlemcen qui l'accueille et c'est alors la stupeur chez nos cadres, car ils ne retrouvent pas les paroles prononcées dans l'Est Algérois. Voici en effet ce que peuvent entendre les personnes présentes :

« Ce sont les Algériens qui décideront, et je crois qu'ils seront partisans d'une Algérie algérienne liée à la France. »

Or, tout ce qui se dit à Tlemcen a une résonance indiscutable dans le monde arabe, en raison de l'importance religieuse de cette cité.

Le colonel Trinquier, troublé, m'écrit qu'il est abasourdi par ce changement d'attitude ; les cadres n'y voient plus très clair, on parle même, concernant le chef de l'État, d'artifice et de ruse. Comment, d'ailleurs, ne pas s'interroger quand on ne comprend plus... Le militaire ne peut vivre constamment dans les malentendus, il lui faut des situations nettes, précises, or le général ne cesse de le promener de « l'espoir à la défiance» de souffler tour à tour le chaud et le froid...

Je m'en attriste à l'approche de mon départ à la retraite d'autant plus que je reçois sans cesse des lettres où on me demande de prendre position, ce que je ferai au congrès des combattants de l'Union française qui doit se tenir le 5 juin, dimanche de Pentecôte, à Rennes.

A la suite de la récente visite du chef de l'État, le général Challe quitte l'Algérie, il est remplacé par le général Crépin, gaulliste du début.
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P.251
Je retrouve, pour mes dernières journées, l'hôtel des Invalides ; le mardi suivant, vers 10 heures, le téléphone sonne, je décroche et voici la conversation qui s'engage :
— Allô, général Salan? Ici, général Ély...
— J'écoute.
— Mon général, je viens de lire dans la presse un résumé de la motion de synthèse du congrès de Rennes que vous présidiez, ainsi que vos déclarations. N'estimez-vous pas que la position que vous avez prise publiquement est de nature à importuner le général de Gaulle, à le gêner dans sa politique algérienne, à lui être désagréable?... Vous déjeunez demain à l'Elysée, ne pensez-vous pas que vous allez vous trouver en situation fausse devant le chef de l'État?...
— Non, mon général, rentré en France depuis un an et demi, je n'ai cessé de prôner la cause de « l'Algérie française », je l'ai fait en public ne cachant jamais mes sentiments, je ne vois pas en quoi je puis me trouver en situation fausse devant le général.

Comme convenu, je me rends avec mon épouse et mes plus proches collaborateurs à son invitation, ceci en toute liberté d'esprit et sans aucune appréhension.
Le mercredi 8 juin, à midi trente, j'arrive à l'Elysée, le Conseil des ministres vient de se terminer, le général m'accueille en veston dans son bureau et me fait asseoir en face de lui.
— Ainsi donc, Salan, vous nous quittez, me dit-il.
— Mon général, j'ai 61 ans le 10 juin, c'est l'âge de la retraite pour mon grade.
— Effectivement, à ce sujet, laissez-moi vous donner un conseil, ne vous lancez pas dans la politique, la politique salit son homme. Gardez-vous prêt pour une tâche que je désire vous confier depuis longtemps, je vous en ai déjà entretenu, j'aurai besoin de vous pour une mission d'amitié avec la Chine de Pekin.
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P.253
A 15 heures, le colonel de Bonneval nous fait signe de nous retirer, ce sera mon dernier contact avec le general de Gaulle, je ne le reverrai plus.

P.259 et suivantes
J'ai bien cru que nous garderions l'Algérie, où nos jeunes ingénieurs, depuis le plan de Constantine du 3 octobre, faisaient merveille et construisaient une Algérie nouvelle. J'ai bien cru aussi, et j'ai tout fait dans ce but, que nous garderions « notre » Sahara, et voilà que tout est fini...

Tous ces hommes, soit près de trois millions qui sont passés par l'Algérie de 1952 à 1960, sont les représentants de cette merveilleuse jeunesse. Ils ont tout fait pour amener le Musulman à la France, pour souder les deux communautés, ils ne comprennent plus ce retard à leur attribuer la carte du combattant, ils ont le sentiment d'avoir œuvré en vain, d'avoir été frustrés d'une victoire qui s'annonçait, de s'être battus pour rien...

Car c'est le 16 septembre 1959, dans sa conférence de presse, que le général de Gaulle laisse éclater sa véritable pensée. Devant un immense parterre de journalistes à audience nationale et internationale, il développe son dessein de l'Algérie algérienne... Désormais, inexorablement, inlassablement, il le poursuit, tout en donnant aux troupes l'ordre de se battre sans répit, semblant oublier que des hommes meurent, pendant que ses envoyés personnels, en Suisse, les frappent dans le dos.

Personnellement, à Paris, je continue à me battre pour la cause de l'Algérie française. Au cours des dix-huit mois écoulés, dans les manifestations que j'ai présidées et auxquelles j'étais convié, j'ai sans cesse répété que la France ne pouvait se concevoir sans l'Algérie, notre Sahara et son pétrole.

Je n'ai jamais caché mes opinions que j'ai toujours exprimées sans ambages, ainsi qu'on peut le lire dans le dernier chapitre de cet ouvrage. L'Elysée ne pouvait donc l'ignorer, je parlais en tenue, aucune observation ne m'a été faite. Pourquoi ? C'est à n'y rien comprendre !

J'en ai découvert le mystère dans Les "Mémoires d'espoir", "Le renouveau 1958-1962", du général de Gaulle. J'y trouve, me reportant aux passages concernant l'Algérie et sur ma personne des mots étonnants qui contredisent tout ce que le général a proclamé publiquement en 1958 et au début de 1959, ou dans sa correspondance personnelle, d'où l'intérêt des lettres que je donne en fac-similé à la fin de ces réflexions.

« Ma décision d'accorder aux Algériens le droit d'être maîtres d'eux-mêmes a tracé la route à suivre...»

Mais plus haut il écrit, relatant sa prise de contact avec l'Algérie les 4, 5 et 6 juin :

« Vers 7 heures du soir j'arrive au Forum.
Quand je parais au balcon du gouvernement général, un déferlement inouï de vivats soulève l'énorme foule qui est rassemblée sur la place. Alors en quelques minutes, je lui jette les mots, apparemment spontanés dans la forme, mais au fond bien calculés, dont je veux qu'elle s'enthousiasme sans qu'ils m'emportent plus loin que je n'ai résolu d'aller. Ayant crié « Je vous ai compris ! » pour saisir le contact des âmes, j'évoque le mouvement de Mai auquel je prête deux mobiles, nobles entre tous : rénovation et fraternité. J'en prends acte et déclare qu'en conséquence la France accorde l'égalité des droits à tous les Algériens quelle que soit leur communauté. »

Et poussant plus loin, je lis :

« Pendant mon inspection, j'ai à mes côtés le général Salan, commandant en chef et chargé des pouvoirs civils. Il est, de par son caractère, très au fait des troupes et des services et, en vertu de son expérience aussi bien que de ses goûts, fort à son aise dans ce complexe de renseignements exploités et interprétés, d'intelligences entretenues chez les adversaires, d'entreprises feintes pour les tromper, de pièges tendus à leurs chefs, qui enveloppe traditionnellement les expéditions coloniales...

En somme, son personnage, capable, habile, et par certains côtés séduisant, comporte quelque chose d'ondoyant et d'énigmatique qui me semble assez mal cadrer avec ce qu'une grande et droite responsabilité exige de certitude et de rectitude. Mais, déjà, j'envisage de lui donner un autre emploi avant longtemps".

Or, c'est ce même 6 juin, où le général a ses réflexions intérieures à mon sujet, qu'il me donne tous les pouvoirs et fait de moi non seulement le commandant en chef des forces mais aussi le délégué général, poste éminemment important !

Pourquoi, le 3 octobre, à l'issue du rassemblement de Constantine, puis le 24 octobre, le 25 novembre et le 12 décembre dans ses lettres, enfin dans son speech au moment de mon départ de l'armée le 8 juin 1960, me couvre-t-il de fleurs en termes si élogieux?

Pourquoi m'avoir laissé la responsabilité algérienne à l’échelon local pendant sept mois ? Avant longtemps ne signifie-t-il pas bientôt, sous peu?

J'estime avoir le droit d'exprimer ce que je ressens. Comment expliquer tant de revirements, de foucades imprévues que les faits attestent tout au long de cet ouvrage ?

Pourquoi tous ces manquements aux engagements les plus solennels, aux propos rassurants sur l'Algérie, qu'il me tenait en privé ?

En relisant les pages que je viens d'écrire, je ne puis m'empêcher de penser à l'Indochine. Tandis que nos hommes se faisaient tuer par ordre de Paris dans la funeste cuvette, on négociait à Genève, Dien Bien Phu capitulait en mai, désastre militaire sans précédent dans nos campagnes coloniales, les meilleurs officiers, nos meilleurs bataillons tombaient ou finissaient prisonniers dans les camps de la mort du Viêt-minh.

En Algérie, ordre est sans cesse donné de se battre jusqu'au bout, mais dans une villa isolée de Suisse, des emissaries touchant de très près le général de Gaulle s'assoient autour d'une table avec les délégués des fellagha. Étrange coïncidence, « on nous refait le coup de l'Indochine ».

J'écris cela sans haine, mais j'ai grande amertume en constatant combien la perte de la province algérienne nous coûte, et singulièrement en ce moment où nous allons être privés de ce pétrole que nous avons fait jaillir des étendues vides du Sahara.

J'essaye toutefois de m'expliquer les variations du général de Gaulle dans sa politique algérienne, dans ses relations avec moi, et je pense à ce que me disait, le 12 avril 1945, dans une chambre de Baden-Baden, André Malraux, le colonel Berger, commandant la brigade Alsace-Lorraine qui entrait dans la composition de ma 14" D.I..

« Le mensonge de la seconde, le mensonge de la minute, le mensonge de l'heure, le mensonge du jour, le mensonge de la nuit, toujours le mensonge... »

Utiliser le mensonge comme arme, couvrant la raison d’Etat, est un acte terrible lorsque des hommes, pour cette même raison d'État, meurent dans l'obéissance aux ordres partis d'en haut.

Pensant à tous ceux qui se sont fait tuer depuis 1917, année où j'entre dans le métier des armes, à tous ceux que j'ai commandés et conduits à la bataille pour la grandeur de la France, dont trop, hélas! ne sont pas revenus, j'évoque cette phrase d'Alfred de Vigny dans Servitude et grandeur militaires :

« La parole qui trop souvent n'est qu'un mot pour l'homme de haute politique devient un fait terrible pour l'homme d'armes ; ce que l'un dit légèrement ou avec perfidie, l'autre l'écrit sur la poussière avec son sang, et c'est pour cela qu'il est honoré de tous, par-dessus tous, et que beaucoup doivent baisser les yeux devant lui. »


16 décembre 1973.

Général Salan.

ANNEXE XXIV

P.341 :En parlant de l'armée de Gaulle déclarait :


Son premier devoir, naturellement, c'est d'empêcher que l'Algérie soit perdue par les armes et sur le terrain. A cet égard, je crois que maintenant le plus fort est fait, bien que rien ne soit tout à fait fini.

L'armée a aussi la mission de protéger toutes les catégories de la population en Algérie, et notamment bien entendu, la population musulmane.

c’est ainsi que de Gaulle laissa froidement assassiner 150.000 Harkis musulmans et des milliers d’Européens en quelques mois des l’or qu’il décida de liquider l’Algérie

Il faut savoir, en effet, que si depuis quatre ans en Algérie, 1500 civils français de souche ont été tués, c'est plus de 10 000 Musulmans, hommes, femmes et enfants, qui ont été massacrés par les rebelles, et presque toujours par égorgement.

Les Français ont la mémoire courte, pour ne pas dire qu’ils l’ont complètement perdue, que, lorsque des chirac, jospin hue et combien d’autres, serrent chaleureusement la main de Bouteflika, oublient que ce dernier fut l'un des plus virulents à employer le couteau pour confectionner un sourire kabyle aux malheureuses victimes.
Mieux encore ce même Bouteflika représentant les assassins du FLN continue depuis 40 ans d'employer les mêmes méthodes pour réduire sa population musulmane, sans distinction d’âge ou de sex.
Bravo la France !
)

Dans la métropole, pour 75 Français de souche, à qui les attentats auront coûté la vie, 1717 Musulmans sont tombés sous les balles ou les couteaux des tueurs. Que de vies, que de demeures, que de récoltes à protéger, et que l'armée protège effectivement en Algérie.

Quelle hécatombe connaîtrait ce pays si nous étions assez stupides et assez lâches pour l'abandonner!

Voilà la raison, le mérite, le résultat de tant d'actions militaires, coûteuses en hommes, en fatigues, faites de tant de nuits, de jours et de gardes, de reconnaissances, de patrouilles, d'accrochages...
Enfin le résultat dont je parle, si l’on veut l'exprimer par des chiffres, c'est : 7200 officiers et soldats morts, hélas !, et hélas ! c'est 77000 rebelles tués en combattant.'

pourquoi hélas pour les fellaghas? Et les 150.000 HARKIS ET LES MILLIERS DE FRANÇAIS D’ALGÉRIE, TOUTES ETHNIES CONFONDUES massacrés volontairement sur ordre de de Gaulle?


P.342 :
Question: Quelle est l'attitude de votre gouvernement à l'égard de ce que d'aucuns représentent comme des ouvertures de paix au F.L.N., faites à différentes reprises au cours de ces dernières semaines ?

Réponse : L'organisation extérieure dont vous parlez, a d'elle-même, déclenché la lutte. Elle l'a poursuivie depuis quatre ans. Je laisse à l'avenir le soin de déterminer à quoi cette lutte aura pu servir, mais en tout cas, actuellement, elle ne sert plus vraiment à rien.



Lettre en date du 6 juin 1958 du général De Gaulle à Salan

P.393
« Ordre aux forces terrestres, navales, aériennes d’Algérie.
« Pendant les trois magnifiques journées que j'ai passées en Algérie, je vous ai vus sous les armes.
« Je sais l'œuvre que, sous les ordres de vos chefs, vous accomplissez avec un courage et une discipline exemplaires pour garder l'Algérie à la France et pour la garder française. La confiance que la population manifeste à l’armée et dont j'ai eu tant de preuves me donne la certitude que vos efforts au service du pays seront récompensés par un grand succès national. La France, ici, va gagner sa partie, celle de la paix, de l'unité et de la fraternité.
« Je salue vos drapeaux et vos étendards. A vos chefs, à vos grandes unités, à vos corps, à vos services, à chacun de vous, je renouvelle l'expression de ma confiance entière et résolue. »

Le général de Gaulle Président du Conseil des ministres.

Charles de Gaulle

---==oOo==---

Salan : De cet ordre du jour, une phrase se détache : « Je sais l'œuvre que, sous les ordres de vos chefs, vous accomplissez avec un courage et une discipline exemplaires pour garder l'Algérie à la France et pour la garder française. »

C'est une reconnaissance en bonne et due forme de notre action au cours de ces journées difficiles de mai chargées d'embûches aussi retrouvons-nous Alger avec confiance.

Arrivé à mon bureau je relis la lettre. Seul responsable sur place, je détiens tous les pouvoirs. Les combats que j'ai menés pendant dix-huit mois contre les hommes mais aussi contre les éléments ont abouti à l'acceptation par le général de Gaulle du fait ALGÉRIE FRANÇAISE.

Avec tous les moyens dont je dispose, je suis décidé à ne reculer devant aucun obstacle pour GARDER L'ALGÉRIE A LA France.



 
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